Il est le petit-fils de Yahia Turki, mais ses œuvres se démarquent nettement de celles du père de la peinture tunisienne Nous le connaissions designer-produit, enseignant à l'Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis, mais voilà que la peinture s'avère être, également, l'une de ses activités. Son dada, même ! Walid Ben Lakhal dévoile, en effet, ses œuvres depuis le 6 juin à Art-Libris, dans une exposition personnelle qu'il a baptisée « Jubilation ». Le jeune peintre fait dans l'abstraction et rien que dans l'abstraction, dans un style assez minimaliste. Ses tableaux, de différents formats se ressemblent sans être pour autant semblables. De la texture, de la matière, de la lumière et des formes assez géométriques, principalement, structurent ses toiles. «Le figuratif ne m'intéresse pas, c'est assez dépassé à mon avis. Moi, j'essaye de m'adapter à la tendance actuelle et aux goûts des clients qui préfèrent, désormais, l'abstrait et le minimalisme, de surcroît», précise-t-il. Les couleurs de prédilection de l'artiste? Les beiges, les rouges et les bleus, mais surtout, surtout pas de vert : une couleur interdite chez Walid Ben Lakhel ! Un choix esthétique personnel, pour le moins subjectif, mais totalement assumé... Démarcation totale Walid est, en fait, le petit-fils de Yahia Turki, «père de la peinture tunisienne», comme on l'appelle, et le fils du peintre Hassan Ben Lakhal. Il a donc vécu dans une famille d'artistes et côtoyé, dès son plus jeune âge, des artistes comme Lamine Sassi, Habib Bouabana et bien d'autres. N'empêche, il a voulu se frayer un chemin tout autre, tant au niveau de ses choix plastiques que de son approche assez «marketing» de la peinture. La démarcation par rapport au style de son grand-père n'est pas à démontrer. Ce sont, désormais, Pierre Soulage et Nicolas de Staël qui l'inspirent le plus. Et ô combien les compositions picturales de Walid ressemblent à celles de ce dernier ! Par ailleurs, ses œuvres n'ont pas pour seule et unique fin la simple délectation esthétique et ils ne se vendent pas que dans les galeries d'art. En effet, si Walid donne libre cours à son imagination avec toute la liberté que celle-ci exige et travaille suivant ses penchants personnels, il ne nie pas répondre parfois aux exigences du marché ni de réaliser des commandes quand on le lui demande, surtout quand c'est dans le cadre d'un projet d'aménagement d'intérieur. Ses toiles meublent aussi les murs de certains grands showrooms où l'ont peut les acheter avec les mobiliers mis en vente. Une approche discutable pour certains, compréhensible pour d'autres, mais certainement adoptée par plusieurs... Ce n'est que le début ! Walid Ben Lakhal n'en est pas à sa première exposition. Il a déjà présenté «Peur sur la ville» à la galerie Arty show à La Marsa en 2011, participé à deux éditions du Printemps des Arts et exposé plus d'une fois à l'espace Aire libre d'El Teatro. Mais depuis qu'il a commencé sérieusement à exercer dans le domaine des arts plastiques, il y a maintenant plus de trois ans, il est toujours en train d'expérimenter de nouvelles techniques, de nouvelles textures, à la recherche ou à l'affirmation d'un cachet qui lui serait propre. Ce n'est donc que le début du chemin ! Actuellement, il prépare une grande exposition alliant peinture et design (grands tableaux, meubles, luminaires, etc.). Nous ne pouvons pas terminer sans nous interroger sur les effets de sa filiation avec le grand Yahia Turki, si c'est une bénédiction ou un cadeau empoisonné pour Walid Ben Lakhal et si ce jeune artiste marchera sur les pas de son grand-père, père de la peinture tunisienne, et héritera de son génie et de son rayonnement. Encore tôt pour le savoir. En tout cas, l'avenir nous le dira...