Par notre envoyée spéciale à Bruxelles Saoussen BOULAKBECHE Lors d'une visite éclair à Bruxelles effectuée avant-hier à la tête d'une forte délégation officielle, M. Ali Laârayedh a eu une série d'entretiens avec de hauts responsables de l'Union européenne. Compte rendu Rencontre avec M. Barroso Suite à l'entrevue en tête à tête Laârayedh-Barroso, le président de la Commission européenne a mis l'accent sur l'importance des sujets abordés et qui concernent tout particulièrement «le développement régional, la lutte contre le chômage, la relance de l'économie et de la sécurité». Sur le plan politique, je voudrais rendre hommage à la manière dont la Tunisie, citoyens, hommes politiques, majorité et opposition démocratique...ont pu dépasser la crise, depuis février-mars 2013, date du lâche assassinat de Chokri Belaïd. «L'amélioration du climat entre les partis politiques tunisiens et du dialogue national est un progrès fondamental, qui sera consolidé par l'approbation de la nouvelle Constitution et l'organisation des futures élections», assure-t-il. L'Union européenne appelle également à la révision des dispositions héritées des régimes précédents, notamment dans le code pénal, pour garantir la liberté d'expression et l'indépendance de la justice. «Je dis et je redis au Premier ministre tunisien que nous sommes à ses côtés pour lui apporter le soutien nécessaire. J'ai également annoncé à M. Larayedh, que comme pour les années 2011 et 2012, la Tunisie sera le premier bénéficiaire du programme «Spring», conçu et appuyé pour distinguer les avancées réalisées par nos partenaires arabes en transition. 40 millions d'euros supplémentaires ont été alloués pour l'aide à la transition. Un montant qui vient s'ajouter aux 400 millions d'euros engagés entre 2011 et 2013 pour la politique de voisinage». En ce qui concerne le statut de la Tunisie en tant que partenaire privilégié de l'Europe, M. Laârayedh a, de son côté, assuré que les discussions étaient en cours, à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines (commerce, sécurité, libre circulation des citoyens entre la Tunisie et l'UE). «Les pourparlers avancent et nous sommes convaincus que tout cela donnera naissance à des conventions, à moyen et long termes», a ajouté le chef du gouvernement. Rencontre avec M. Herman Van Rompuy A la suite de son entretien avec M. Laârayedh, M. Van Rompuy, président du Conseil de l'Union européenne, a assuré qu'il a réitéré le soutien de l'Union aux réformes démocratiques en Tunisie. «J'ai salué les avancées de ce processus et l'amélioration des relations entre les partis politiques dans le cadre du dialogue national. Je plaide pour une approbation de la future constitution et l'organisation de futures élections basées sur les acquis de 2011. A ce titre, M. Van Rompuy rappelle l'offre européenne «d'assister les prochaines élections par une mission d'observation électorale, et ce, outre une assistance technique et un soutien aux initiatives de la société civile». Le président du Conseil a, par ailleurs, salué le récent accord avec le Fonds monétaire international (FMI) qui ouvre la possibilité à l'UE d'accorder une nouvelle assistance macro-financière à la Tunisie. Il poursuit que l'Union accompagnera la Tunisie dans ses efforts pour relancer l'économie et augmenter les possibilités d'emploi pour les jeunes. «C'est dans ce cadre-là que doivent être considérés les efforts européens pour un accord de libre-échange total et approfondi. Les négociations doivent porter également sur les services aériens en matière d'agriculture ainsi que les standards et normes techniques. C'est dans cet esprit-là que nous signerons un partenariat de mobilité avec la Tunisie. Un partenariat qui permettra d'examiner les questions d'immigration dans le cadre d'une approche globale qui facilitera l'octroi de visas». S'engager dans toutes ces négociations donnera, selon M. Van Rompuy, un signal clair de la volonté d'améliorer les opportunités pour les entrepreneurs et d'encourager la création d'emplois. Rencontre avec les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen Commençant par présenter la situation politique et économique de la Tunisie aux membres de la commission des affaires étrangères, Ali Laârayedh estime nécessaire l'adoption du projet de Constitution à la majorité des deux tiers à l'Assemblée afin «d'éviter un référendum sur le projet de Constitution», chose qui «peut entraver le processus de transition en Tunisie». Il s'agit de l'un des premiers dossiers sur lesquels travaille fermement le gouvernement actuel. Le second dossier est celui de la sécurité qui doit être renforcée pour ne pas affaiblir les institutions de l'Etat. L'autre point crucial pour cette période transitoire est le volet économique et social, qui s'améliore timidement, vu la conjoncture internationale peu favorable. Enfin, M. Laârayedh a évoqué l'autre centre d'intérêt, à savoir la transition démocratique et la lutte contre la corruption. Le chef du gouvernement a ensuite écouté les questions des membres de la Commission qui ont été essentiellement axées sur la Constitution et la date de son adoption, le processus démocratique, le dispositif sécuritaire ainsi que les libertés, les droits de la femme, les agressions contre les journalistes, le tourisme, la réforme de la justice et de la police, les droits de l'Homme, l'assassinat de Chokri Belaïd, la violence salafiste, le financement du terrorisme. La visite de M. Ali Laârayedh a, par ailleurs, abouti à de nombreux accords de partenariat. Dans le domaine sécuritaire, 14 experts belges viendront bientôt en Tunisie pour identifier les défectuosités et les insuffisances du système sécuritaire et contribuer à y remédier, c'est ce qu'a déclaré M. Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur, à sa sortie de la réunion avec le président de la Chambre des représentants de Belgique. Les domaines de coopération sécuritaire avec l'UE s'effectueront à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines, à travers le recyclage et le développement du dispositif sécuritaire tunisien.