«Ce qui commence mal finit mal», présument les protestataires. Après les attitudes et les discours de soutien émis par les dirigeants et membres du mouvement Ennahdha au profit du président égyptien limogé par l'armée, Mohamed Morsi, l'on s'attendait à une présence massive devant l'ambassade égyptienne, dans le cadre du rassemblement de protestation prévu hier. Toutefois, la réalité était tout autre et l'action n'a pas suivi les discours. En effet, aucun dirigeant n'était présent. Seulement près d'une centaine de personnes se sont rassemblées, hier après-midi, devant l'amabassade d'Egypte pour soutenir Mohamed Morsi. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, tous sympathisants du mouvement Ennahdha, ont brandi et scandé des slogans hostiles au retour des anciens alliés du régime dictatorial de Hosni Moubarak à la vie politique. Comme ils l'entendent, la légitimité est fédératrice, alors que l'usurpation du pouvoir ne fait que favoriser la division, la haine et la violence. «Je vote, tu votes, ils font un putsch, quelle démocratie ?», «Adieu la démocratie», «Sissi dégage, Morsi est président de la République», «Révoltés, révoltés, nous continuerons le chemin», «Révolution, révolution jusqu'à la victoire», brandissent les uns. «C'est un coup d'Etat illégitime», «Sissi tu n'es qu'un traître», «Morsi, Morsi, Dieu est le plus Grand», «A bas les juifs, l'armée de Mohammed reviendra», scandent les autres. Les contestataires, qui ont accepté de se dévoiler à certains organes de presse, se sont montrés d'accord sur un fait : ce qui s'est passé récemment en Egypte est un coup d'Etat orchestré par les anciens alliés du régime d'avant la révolution du 25 janvier avec la collaboration de forces étrangères. «Ce n'est plus une énigme à déchiffrer. Des minorités libérales et laïques sont, à l'évidence, derrière ce coup d'Etat dont les conséquences sont désastreuses», égrène Hamdi, la trentaine, en brandissant la photo de Mohamed Morsi et le drapeau égyptien. A quelques mètres de lui, s'exprimait à gorge déployée un vieillard barbu : «Ils ne nous veulent pas du bien. Notre essor les dérange. Ils savent très bien que l'instauration de la démocratie dans le monde arabe constitue un danger pour eux. Les juifs et leurs lobbies puissants œuvrent à mettre un terme au réveil arabe». Une attitude remarquablement consentie par le prédicateur Adel El Elmi qui a laissé entendre que ce qui se passe en Egypte n'est autre que les prémices d'une grande conspiration contre les politiciens islamistes. «C'est leur stratégie. Ils font tout leur possible pour ridiculiser les islamistes avant de les chasser directement ou indirectement du pouvoir, afin de servir l'intérêt d'Israël». Sous l'œil vigilant des forces de sécurité massivement présentes, les contestataires ont fini par prier pour le retour de Morsi au pouvoir, et la préservation d'une démocratie fraîchement installée dans les pays du Printemps arabe. Force est de constater, par ailleurs, que la chaîne télévisée Al-Mayadin a été interdite de couvrir l'événement pour «sa manifeste sympathie pour le président syrien Bachard Al-Assad et les chiites », selon certains protestataires.