Tout en inondant le marché de denrées alimentaires, l'Etat émet une volonté exceptionnelle de mener la vie dure aux contrevenants. A la grande joie de la ménagère... Il s'installe, le mois de Ramadan. Il s'amène avec son cortège de traditions millénaires dont cette folie dépensière que le consommateur a érigée en obsession, voire en religion ! Comment sera fait Ramadan version 2013 ? Quel sort attend le couffin de la ménagère ? Quelle ambiance prévaudra sur le marché ? Bref, le mois du jeûne passera-t-il sans dégâts ? Première note gaie au tableau : «Il n'y aura pas de pénurie», promet le ministère du Commerce et de l'Artisanat, relayé par celui de l'Agriculture qui affirme que «toutes les denrées alimentaires nécessaires seront disponibles en quantités suffisantes, à la faveur d'un effort de stockage déployé depuis plus d'un mois, d'une part, et de l'importation d'importantes quantités de viandes pour la régulation du marché, d'autre part». En parallèle, l'Etat a pris la louable initiative de généraliser l'expérience des «points de vente du producteur au consommateur» à tous les gouvernorats du pays, dans un effort de décentralisation qui est de nature à diversifier les opportunités d'achat ouvertes devant le client. Ainsi, ce dernier ne sera plus contraint de faire ses emplettes auprès de l'habituel point de vente du coin. Autant dire que l'offre risque de dépasser la demande. «Pour le moment du moins, soutient un vendeur de fruits et légumes au marché central de la capitale, les opérations d'approvisionnement se poursuivent dans de bonnes conditions, et pas l'ombre d'une pénurie. Mais pourvu que ça dure». Volet prix maintenant, les choses semblent tirées au clair, en ce sens que les services concernés ont imposé pour chaque produit un plafond à ne pas dépasser et qui a été le fruit d'âpres concertations avec les producteurs et les circuits de distribution. «Notez bien que les prix seront cette année à la portée de toutes les bourses», rassure-t-on au ministère du Commerce où «l'alerte» est en ce moment à son paroxysme, sur fond d'une veillée d'armes qui semble mobiliser toutes les énergies, dans le but de réussir un «Ramadan sans faute». Gare aux tricheurs ! Le ministère du Commerce n'hésite pas à...brandir le bâton, en avertissant que «toute opération illégale sera impitoyablement combattue». C'est d'autant plus vrai qu'il a été décidé de prendre les mesures suivantes : 1- Renforcement de l'effectif des agents de contrôle économique. 2- Imposition d'une surveillance à toute épreuve tant dans les points de vente (marchés, magasins, supermarchés...) que dans les circuits de distribution. Çà et là, tout sera passé à la loupe, des tarifs aux factures d'approvisionnement, en passant par la provenance de la marchandise. 3- La synchronisation des efforts avec les départements concernés, à savoir les ministères de l'Intérieur et de la Santé, ainsi qu'avec les municipalités et l'ODC. Dans la foulée, des instructions fermes ont été données pour sévir sans merci là où la tricherie se fera sentir. Voilà les contrevenants et accros de la spéculation avertis. Renforts...policiers Par ailleurs, il a été décidé d'apporter des renforts policiers aux agents de contrôle économique, afin de leur faciliter la tâche. Il est vrai que ces derniers ont souffert le martyre au cours du mois de Ramadan 2012 en laissant des plumes dans plusieurs marchés où ils furent parfois agressés, et souvent «chassés» par des vendeurs sans foi ni loi. Au nom, bien sûr, de la sacro-sainte révolution ! Parions donc qu'une fois n'est pas coutume. Bon vent !