Les rendez-vous et rituels religieux, comme le Ramadan, l'Aïd El Idha, le Mouled, l'Aïd El Fitr ; sont souvent l'occasion de kermesses et d'animations économiques et commerciales. Une dynamique saisonnière se crée et permet aux industriels, aux pâtissiers, aux gérants de boutiques de prêt-à-porter, de jouets, aux marchands de légumes et de fruits de réaliser des affaires juteuses. Avec le rapprochement des événements, le consommateur se trouve trop sollicité pour pouvoir, et surtout savoir, gérer convenablement sa bourse. Des problèmes se posent de ce fait. Il n'est pas du tout facile de les résoudre Pendant le mois de Ramadan, la mauvaise humeur aidant, les altercations entre vendeurs et clients sont monnaie courante. La relation conflictuelle qui prévaut habituellement ente les deux parties prend une allure parfois dramatique au cours du jeûne. Elle se ravive à l'occasion. Les bagarres peuvent dégénérer en insultes, en coups de points et en affaires judiciaires. Le client accuse le vendeur de mauvaise foi. Le vendeur se plaint du client gâté qui ne lui permet pas de réaliser de bonnes ventes. Le consommateur joue un rôle important dans le cercle infernal des dépenses. Il est aidé en cela par l'ambiance extérieure. Les boutiques, les restaurants, les cafeterias, les grandes surfaces, les marchés revêtent leurs plus beaux atours. Ils offrent leurs meilleurs produits à la portée de toutes les bourses. Ils encouragent à la consommation. Le citoyen résiste rarement à ces attraits. Ses besoins augmentent en conséquence. Il, est come perdu, cherchant des intervenants capables de l'aider à remonter la pente et à éviter les pièges. Y a t il un agent médiateur entre vendeur acheteur ? Enfin est ce que ces marchants suivent différentes stratégies pendant le mois de Ramadan ? Des citoyens, comme A.K, sont conscients des problèmes qui se posent et des difficultés qu'ils affrontent. Ils pensent qu'il faut appliquer une surveillance étroite de la part des autorités pour atténuer l'intensité des dépassements et abus. « Il est vrai que pendant le Ramadan, les désirs et les exigences des clients se multiplient, mais les agissements des vendeurs nous compliquent l'existence. Avec plus de demandes sur certains articles, c'est tout à fait normal que les vendeurs choisissent une combine qui leur permet de gagner encore plus et plus vite. La solution, c'est de boycotter les produits aux prix excessifs et les marchands les plus voraces», suggère F.B qui fait remarquer, au passage, que des vendeurs mélangent produits frais et articles moins frais, obligeant le client à s'approvisionner en légumes pourris. Les commerçants ne sont pas du même avis naturellement. En effet A.R, vendeur de légumes explique qu'il ne faut pas se contenter de jeter la responsabilité sur les épaules des commerçants : « Le client veut toujours avoir le meilleur des légumes. Je comprends cela. Mais, que dois-je faire avec le reste des légumes ? » Un autre commerçant explique qu'avec cette montée des désirs des clients, c'est tout à fait normal que des infractions soient commises. Mais cela ne justifie pas cette attitude qui accuse tous les commerçants d'être des tricheurs. Enfin, B R, un peu plus courageux, admet que le mois de Ramadan est une occasion d'améliorer les ventes. L'Etat agit, quant à lui, au niveau du contrôle des prix et de l'approvisionnement du marché pour qu'il y ait des quantités suffisantes afin d'éviter les pénuries et les augmentations illicites des prix. Il s'est acquitté convenablement de sa tâche. Le Chef de l'Etat est venu au secours du consommateur en ordonnant de servir, avant terme, les primes de rendement de fin d'année et des avances sur les augmentations des périodiques des salaires prévues La direction du contrôle économique et l'Organisation de défense du consommateur ont multiplié les actions pour moraliser les rapports entre commerçants et clients. Dans différents communiqués, il est noté que les prix étaient stables et abordables pour toutes les classes sociales avec même des basses dans les prix du « gros » de 7 a 52%. On a enregistré 119 plaintes qui exigent une intervention pour mettre fin a des infractions concernant les produits comme les légumes, viande rouge et quelque produits alimentaires. Même, au niveau des cafeterias et les espaces de divertissements, ces plaintes ont entraîné 44 pénalités. De plus, les interventions, effectuées pendant ce mois, ne sont pas concentrées sur le Grand Tunis, mais ont atteint également l'ensemble des régions K.H estime que malgré tous les efforts fournis par l'Etat et les organisations appartenant à la société civile, le citoyen se trouve toujours dans une situation difficile. Il est perdu entre le besoin d'acheter et la nécessité de faire des économies. Le consommateur n'est désormais plus le seul acteur dans ce cercle de dépenses. Il est important que les différents acteurs dans ce cercle coopèrent afin d'assurer de meilleures conditions de vie et poursuivre l'évolution sociale et économique que notre pays est en train de vivre. Mais, c'est le citoyen, en fin de compte qui subit les conséquences de la consommation effrénée du mois de Ramadan. La prise de conscience est, à ce stade, le remède le plus efficace sur lequel table l'Etat et l'ensemble de la société civile. C'est à ce prix que le ménage trouve son équilibre et le foyer la tranquillité et le bien-être auquel il est en droit d'aspirer. Dessin : Philippe Tastet