Jamel El Eroui, Farhat Jedid et Mohamed Sayari viennent de brosser le portrait d'un nouvel Hamlet, soit une adaptation libre de l'œuvre de Shakespeare. C'est, très schématiquement, l'histoire d'un homme très mal dans sa peau pour ne pas réussir à accepter son présent, la réalité de son temps. A défaut d'essayer de s'adapter, il déclare être Hamlet, ce personnage shakespearien, dans une tentative de fuir la pression de son quotidien, de vivre en dehors ou en marge de sa société. Mais celle-ci ne voit pas les choses du même œil qui décide qu'il présente sûrement une pathologie nécessitant donc une thérapie quelconque. C'est le sujet sur lequel planchent les médecins dans leur volonté, peut-être pas de le ramener à la réalité, mais surtout de s'expliquer l'origine et la raison du mal. Avec cette énième adaptation libre de la fameuse pièce de Shakespeare, le trio, auquel on doit le texte, la mise en scène et le jeu, nous propose une lecture à la tunisienne où chacun de nous va probablement se retrouver, nous qui traversons présentement une période cruciale sur tous les plans. Mais le trio n'est pas sans savoir qu'on n'adapte pas juste pour adapter. Autrement dit, où réside le plus ? Avec quelle nouveauté arrive-t-on et quoi dire d'intéressant au public ? Questions lancinantes et même embarrassantes auxquelles les trois complices pensent avoir trouvé quelques réponses convaincantes. Le tout tourne autour des procédés usités dans cette pièce. Ainsi, on va trouver le narrateur pour lancer l'histoire, mais surtout de nouveaux moyens techniques et esthétiques en vue de pénétrer le personnage-clé et de le sonder, de même que des marionnettes représentant les personnages collatéraux, et un jeu scénique qui a dû nécessiter une longue recherche. Avant de tourner, dans d'autres villes et régions du pays, la pièce sera présentée le 16 juillet au Festival de Boukornine. Une occasion, donc, pour apprécier l'opportunité de cette adaptation et le message qu'elle tient à véhiculer.