Il s'agirait, selon le trio, Mohamed Sayari, Jamel Laroui et Farhat Jdid, d'un Hamlet, aux couleurs tunisiennes. Revu, revisité, et orchestré autrement, pour qu'il s'adapte, aux couleurs du temps, par des comédiens qui ont expérimenté, aussi bien les planches que la télévision, et qui ont eu envie, obéissant à une réelle exigence, de rêver ensemble à cette création, librement inspirée du texte de Shakespeare, afin de rendre hommage, en même temps à un joyau du répertoire universel, qui s'avère être toujours un défi pour tous ceux dont le quatrième des arts, constitue toujours une passion, et Shakespeare, une référence, si ce n'est la référence, tout en interrogeant, à travers le personnage de Hamlet, prince du Danemark, appelé à venger son père, assassiné par son frère Claudius, et qui connaîtra un destin tragique, après mille et un rebondissements qui nourrissent la trame de la pièce, certainement la plus célèbre de Shakespeare, notre contemporanéité. Ici, et maintenant. Car, en réalité, « Hamlet Akher Zman » (Hamlet de la fin des temps), telle qu'imaginé et conçu par les actants de cette pièce, (produite par ZED Founoun, avec le soutien de ministère de la Culture tunisien) ne met pas en scène, à proprement parler le personnage de Hamlet, mais celui d'un malade, qui s'est réfugié dans la peau de Hamlet, en a épousé l'histoire en allant jusqu'à l'intérioriser, afin de ne pas avoir à affronter sa propre histoire, qui lui fait mal aux entournures. Hamlet, qui n'est pas Hamlet, dans la Tunisie d'aujourd'hui, souffre, de ne pas pouvoir avoir prisé sur sa propre vie, et d'une incapacité à se reconstruire, autrement qu'en s'échappant dans l'irréel, et en se drapant de l'illusion d'être un autre ; d'appartenir à une autre époque aussi. Mais partant du fait qu'au-delà de l'intrigue, l'universalité du personnage de Shakespeare n'étant plus à prouver, et ses questionnements existentiels, étant, au final commun à toute l'humanité, en proie aux doutes et aux déchirements, il n'est donc pas étonnant que le personnage de Hamlet ait servi de prisme, avec toute la lourde symbolique qu'il porte, afin de renvoyer l'image de cet antihéros d'aujourd'hui, qui n'en peut plus de vivre, et ne sait pas le montrer autrement… La pièce sera donné à voir, le 16 juillet au festival de Boukornine.