De la vigueur, du talent et de la rigueur. Les Chœurs de l'Armée rouge ont fait sensation. Quoi de mieux offrir à un public en quête d'optimisme et de joie de vivre pour cette première soirée du Festival international de Carthage qu'un grand spectacle de chant et de danse capable d'entraîner la grande foule dans une belle ferveur et de susciter son enthousiasme artistique ? Et qui le ferait mieux que les Chœurs de l'Armée rouge, fondés en 1939 sous la direction d'Alexandre Vassilivitch, auquel succédera le Général Victor Eliseev en 1985 ? Date à partir de laquelle la troupe a triomphé sur tous les continents après avoir considérablement modernisé son répertoire et ses prestations. L'ensemble s'est ainsi produit pour plus de sept mille représentations en plusieurs langues, devant plus de 20 millions de spectateurs à travers le monde. C'est, d'ailleurs, le seul ensemble militaire à avoir reçu la «Star de Platine» et une cinquantaine de ses artistes ont reçu le titre suprême d'«Artiste d'Honneur de la Russie». Une première Ces chœurs se produisaient, donc, pour la première fois en Tunisie, au grand bonheur du public qui est venu nombreux, vendredi dernier au théâtre de Carthage, sûr déjà qu'il allait assister à quelque chose de fabuleux ! En effet, un spectacle hors pair, dynamique et émouvant où la rigueur, parfois teintée d'humour, et la puissance des voix ont été tempérées par la grâce et la légèreté des ballets. Chants et danses alternés, parfois unis et faisant bon ménage, ont été merveilleusement exécutés ! D'entrée, l'ensemble a interprété les hymnes nationaux russe et tunisien (Sofiane Zaïdi a participé à ce dernier, mais quel talent des voix russes !), avant de brasser différents styles musicaux, sans préjugés ni laxisme, reflétant une réelle volonté d'ouverture qui n'est viable et présentable que si elle repose sur une profonde culture et une rigueur de choix. Aussi avons-nous eu droit à une démonstration en chant et en danse, tantôt austère, tantôt joyeuse et teintée d'humour, mais toujours marquée par une application à toute épreuve et d'une joie de vivre communicative. Les voix fortes et émouvantes des chœurs d'hommes ont interprété des chants classiques, patriotiques, folkloriques et des airs de variétés internationales. On a pu apprécier plusieurs titres tels que Kalinka, Le bègue , Si j'étais riche, Sex- bomb... Un éclectisme que l'on retrouve aussi dans le choix des instruments. Aux cuivres, percussions et instruments à vent s'ajoutent, en effet, des instruments traditionnels russes, comme le domra et le bayan, mais surtout la balalaïka. Grâce féminine et frénésie masculine Côté danse, la grâce des jeunes filles et la fougue des danseurs russes ont contribué à la réussite de ce spectacle très haut en couleur, à ce festival d'art et de culture, ce joli éventail de traditions populaires relevé par la beauté et l'harmonie auxquelles il est difficile de rester indifférent. Sur fond de musique joyeuse, les rondes féminines, les danses burlesques et les quadrilles inspirées du folklore se sont mêlées et se sont enchaînées en toute beauté. Les danseuses, vêtues de robes traditionnelles aux couleurs chatoyantes, de jupes à volants, de châles multicolores, de costumes à paillettes ou en uniforme, glissaient sur scène en circonvolutions réglées au millimètre. Par groupes ou en solo, chacune d'entre elles témoigne d'une réelle maîtrise technique, formant, avec ses partenaires et tour à tour, des tableaux vivants aussi beaux et alléchants les uns que les autres. Quant aux danseurs, des feux follets, ils émerveillaient chaque fois le public par leurs acrobaties et leurs sauts spectaculaires, ainsi que par leur élégance et la beauté de leurs prestations chorégraphiques. Un festival de rythmes et d'énergie, où les costumes flamboient, les bottes et les épées s'entrechoquent. Un spectacle qui a donné une image d'ensemble de la beauté de la culture russe qui célèbre si bien la patrie, l'amour et... la joie de vivre. Nous ne vous oublierons pas, Chœurs de l'Armée rouge russe.