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L'épée et le poignard
L'armée égyptienne et les Frères musulmans
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 07 - 2013

De notre envoyé spécial au Caire Soufiane BEN FARHAT
A l'origine du cataclysme, un mouvement à ses débuts anodin, davantage ancré dans la société civile que dans la classe politique, et qui faisait sourire des dirigeants politiques myopes
La pression des partisans du président déchu Mohamed Morsi sur le pouvoir égyptien se maintient, tout en s'essoufflant. Ces derniers jours, les manifestations organisées au Caire et devant rassembler des millions de protestataires ont tourné casaque. Tout au plus ont-elles rassemblé quelques dizaines de milliers de personnes. Cela n'empêche pas les Frères musulmans de rappeler périodiquement les troupes à une melyouniyya (manifestation devant rassembler pas moins d'un million d'affidés).
Certes, il y a l'irruption du mois saint de Ramadan, en plus de la chaleur étouffante. Et cela tempère les ardeurs.
En fait, l'Egypte a deux divinités fondatrices, le Nil et le soleil. Depuis l'aube des temps, le Nil y est créateur et le soleil destructeur.
L'Egypte oscille entre deux caps contradictoires. D'un côté, la relance d'un processus démocratique en panne ; de l'autre, le bras de fer entre l'armée et la confrérie des Frères musulmans.
Et les Frères musulmans sont présents sur la place depuis 1928. En accaparant légalement le pouvoir il y a une année, ils ont hâtivement cédé à l'illusion. Ils ont cru y demeurer à jamais. Se sont positionnés et ont agi comme tels.
Ils n'en reviennent pas d'avoir été catapultés en quelques heures, du faîte où ils trônaient, au fond du précipice. Leur choc est immense. Leurs réactions sont empreintes de stupeur et de panique. A peine arrivent-ils à saisir le cours des événements. Brusquement, le sol s'était dérobé sous leurs pieds, en quelques jours.
A l'origine du cataclysme, un mouvement à ses débuts anodin, davantage ancré dans la société civile que dans la classe politique, et qui faisait sourire des dirigeants politiques myopes, à défaut de sens de mises en perspective: le mouvement Tamarrod.
Puis cela s'est greffé sur le malaise généralisé, dû notamment à l'aggravation de la situation économique et de la maturation perverse de la crise sociale. En trois mois, Tamarrod a pris de l'ampleur, correspondant à une espèce de ras-le-bol répandu.
Les Frères musulmans, à l'instar de la classe politique égyptienne dans son ensemble, n'ont pas vu venir les manifestations grandioses du 30 juin 2013. Seule l'armée, demeurée en réserve de la République, a saisi l'opportunité. Ce qui présuppose qu'elle était déjà sur le qui-vive.
Trente-trois millions d'Egyptiens dans la rue, en pleine canicule, réclamant le départ de l'ancien président et la tenue d'élections anticipées, c'est du jamais vu. Universellement. C'est le plus grand attroupement humain de tous les temps. Et cela fonde le grand chamboulement en gestation au pays du Nil.
Il faut dire aussi que la prompte intervention de l'armée destituant, emprisonnant et remplaçant le président Mohamed Morsi, est révélatrice. Tout d'abord du fait que l'armée égyptienne, quoi qu'on dise, est demeurée globalement intacte des tentatives d'infiltration des Frères musulmans. Ensuite, de la promptitude de l'armée égyptienne à faire siennes les revendications populaires. Enfin, de l'état d'âme général de l'armée égyptienne, profondément révulsée des attaques systématiques dont elle a fait l'objet des mois durant dans la péninsule du Sinaï. Avec, le plus souvent, le laxisme voire la complicité active des Frères musulmans. L'interception, par les services du renseignement, de communications téléphoniques entre des terroristes islamistes opérant au Sinaï et la présidence égyptienne a été fatale.
Deux années durant, les forces de l'armée et de la police égyptienne ont fait l'objet d'attaques en règle, de rapts et de mitraillages au Sinaï. Les pipelines acheminant le gaz en Jordanie ont subi des attaques à la bombe 16 fois, dont une juste après l'annonce de la destitution de Morsi. Le seul barrage d'Errisa à l'est d'Al-Arich a été attaqué à 35 reprises en moins de deux ans.
Or l'armée égyptienne n'accepte point d'être harcelée à défaut d'avoir été noyautée et sabordée de l'intérieur. Elle est demeurée une forteresse inexpugnable. Humiliée, prise à partie, défiée dans son honneur, elle a saisi l'opportunité des manifestations du 30 juin pour rebondir. Une manière de se rappeler au bon vieux souvenir de la classe politique. Et de clamer haut et fort «pour solde de tout compte, j'ai le dernier mot».
Dans sa Géopolitique de la Méditerranée, Yves Lacoste le dit si bien : «Le 23 juillet 1952, le noyau dirigeant de l'organisation secrète Les Officiers libres, sept officiers, occupent le quartier général de l'armée. La république sera proclamée en 1953. L'Egypte se trouve de nouveau sous le pouvoir de militaires comme à l'époque des mamelouks, de Mehemet Ali et de ses premiers successeurs. La période 1922-1952 de régime parlementaire, sous contrôle colonial, a été somme toute un intermède dans l'évolution, que le sociologue égyptien Anouar Abd El Malek a appelé «Egypte, société militaire». Il ne croyait pas si bien dire en intitulant ainsi son livre de 1962, car après Néguib rapidement écarté du pouvoir (en 1954) et après Nasser, mort en 1970, est venu Sadate, assassiné en 1981, puis Moubarak... Les uns et les autres, tous des militaires, ont été qualifiés de raïs, chefs».
Dans leurs relations réciproques, l'armée égyptienne et la confrérie des Frères musulmans entretiennent les rapports de l'épée au poignard. La première est tantôt enfouie dans son fourreau, tantôt brandie au grand jour. Le poignard, lui, frappe à tout moment, à l'improviste et sans crier gare.
Pour l'instant, l'épée est brandie. Les Frères s'en retrouvent brusquement au creux de la vague, dans la tourmente. Il est vrai aussi qu'ils sont aux prises déjà avec des démons intérieurs, dans la mouvance islamiste proprement dite. Nous y reviendrons.


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