D'un club qui passe des dérives aux déceptions, on pense qu'il ne sera plus jamais tout à fait le même... Résumer le parcours du Stade Tunisien des dernières années à une débâcle exposée, ce n'est ni une caricature, ni une outrance. En quelques saisons, l'histoire de l'équipe s'est trouvée souillée par une poignée de personnes égarées dans leur raisonnement à l'emporte-pièce. Il faudra certainement du temps pour se relever de cette forfaiture. Les événements ont d'ailleurs montré l'ampleur du mal: il n'y avait plus de pilote pour diriger la maison stadiste, et pas de boussole pour connaître la direction à suivre. Nous avons encore peine à croire que tout cela ait pu se produire un jour. Le grand pardon n'est certainement pas pour demain. Le Stade n'est pas un club comme les autres. Les dérives intérieures et extérieures y tiennent une place considérable. La politique adoptée au fil des années y est dessinée de façon plus floue qu'ailleurs. Dans un club qui est plus qu'un club, il faudrait être plus qu'un président, plus qu'un entraîneur, plus qu'un joueur pour pouvoir s'y imposer. Spécialiste ces dernières années des arrivées au pas de charge, il n'est jamais parvenu à montrer qu'il peut être l'équipe de toute une saison. Il lui manque souvent du fond, du style et une capacité générale à gérer une série de matches avec aisance, variété et supériorité. Autrement dit, le Stade auquel on est aujourd'hui habitué ne dispose pas de l'équilibre et de la justesse souhaités, de la solidité nécessaire, de la force mentale indispensable, de l'impact physique désiré et surtout de la continuité dans les résultats. C'est beaucoup? Non, c'est énorme. Une façon de reconnaître l'échec de la plupart de tous ceux qui se sont érigés en responsables au sein du club. Et là, nous n'évoquons pas l'invisible qui mine l'édifice, l'état d'esprit qui affecte la vie collective et l'inaptitude de certains à se fondre dans le cadre défini et à en accepter les règles. Peuvent-ils rebondir? Qu'il est difficile d'imaginer ce qui va se passer. On a l'impression que cela tient vraiment du miracle. Dans toute l'acception du terme. Il faut dire que les alternatives et les solutions laissent à désirer. Les promesses comptent aujourd'hui plus que les actes. Kamel Snoussi, qui tient encore à ne pas jeter l'éponge, est toujours intéressé par un nouveau bail. Son passage à la tête du club n'a pas pour autant connu la réussite escomptée. Sous sa direction, le ST a collectionné les défaillances. Il est tombé encore plus bas qu'on ne l'imaginait. Sa faute? Il n'a pas suffisamment de moyens pour subvenir aux besoins du club. Tout cela sans compter le fait de déléguer «ses pouvoirs» à certaines personnes qui n'ont ni le profil, ni la vocation. Il lui est arrivé même d'être en dehors du centre de décision au moment où cela fait pourtant partie de ses prérogatives. L'autre prétendant, en l'occurrence Anouar Haddad, ambitionne la présidence du club de manière un peu différente, sans pour autant être tranchante: il sait parfaitement qu'il lui sera bien difficile de réunir les moyens financiers nécessaires, que la gestion matérielle du club est bien au-dessus de ses capacités. C'est pourquoi il compte sur l'aide et l'apport de ceux qui en disposent et qui désirent faire partie du bureau directeur. Il est clair que la complémentarité entre les membres du groupe choisi est le dernier souci de Haddad. Il semble ainsi oublier qu'il risque de rester tributaire de la volonté et des humeurs de membres qui ne parlent pas tous le même langage et qu'il sera par conséquent dans le dilemme de les satisfaire à chaque fois qu'ils en éprouvent le besoin. A tort ou à raison... D'un club qui connaît une rouste après des années de dérives et de déceptions, on pense qu'il ne sera plus jamais tout à fait le même. Indépendamment de la valeur et des aptitudes des candidats à la présidence et au nouveau bureau directeur. On prend ainsi la mesure du malaise stadiste et on réalise que derrière un problème de moyens et de ressources, se cachent d'autres ressentiments...