Le ministère du commerce interdit l'exportation par voie terrestre et l'augmentation de 15 millimes sur le prix référentiel de la tomate toujours ignorée par l'industrie de la transformation La tomate est en danger de disparition de nos champs et de nos étals. C'est le moins qu'on puisse dire au regard des chiffres alarmants livrés par l'UTAP concernant la production de la tomate de 2011 à 2013 et les prévisions de 2014. Bien que le marché soit encore approvisionné en quantités suffisantes, les superficies réservées à la culture de la tomate sont en train de se réduire comme une peau de chagrin. Entre 2011 et 2012, elles ont baissé de plus de 50% passant de 26 000 ha en 2011 à 12 000 ha en 2012 et, environ, à 11 000 ha cette année. En 2014, ces superficies ne devraient pas dépasser 5 000 ha. Pour une affaire de 15 millimes. Malgré les apparences, la production de la tomate a, elle aussi, considérablement baissé. Les agriculteurs n'ont pas beaucoup cultivé la tomate cette année. Trop de problèmes financiers et de dettes et pas d'augmentation sur le prix de référence malgré la décision prise en 2012 par le ministère du Commerce en réponse à la requête des agriculteurs. Pour préserver l'approvisionnement du marché local, le ministère du Commerce vient de prendre la décision d'interdire l'exportation de la tomate fraîche à travers les frontières terrestres. Décision contestée par les agriculteurs qui accusent, dans un communiqué publié jeudi par l'UTAP, ce ministère de partialité en faveur de l'industrie de transformation. Cette accusation, le président de l'UTAP, M. Abdelmajid Ezzar, la justifie par le fait que les agriculteurs sont ainsi doublement sanctionnés. Une fois, à cause des industriels qui refusent l'application de la décision du ministère du Commerce (2012) instituant une augmentation de 15 millimes sur le prix de référence de la tomate qui passe ainsi à 130 millimes le kilo au lieu de 115. Les agriculteurs ayant, pour leur part, exigé 150 millimes. « Nous avons accepté le compromis dans le but de débloquer la situation et avec l'espoir de recouvrer nos droits plus tard car les agriculteurs ont d'énormes difficultés financières et beaucoup de dettes », précise encore M. abdelmajid Ezzar. A ce jour, les industriels continuent d'ignorer cette augmentation au grand dam des agriculteurs et du ministère du Commerce. Et une seconde fois, à cause de l'interdiction de l'exportation décidée par ledit ministère. Récoltes et qualité en perte de vitesse Dans son communiqué, l ‘UTAP appelle le ministère du Commerce à annuler la décision d'interdiction de l'exportation de la tomate par voie terrestre dans l'intérêt des agriculteurs, des exportateurs et de l'économie nationale, soulignant que cette décision aura un impact négatif sur la filière de la tomate puisqu'elle va pousser de plus en plus d'agriculteurs à déserter cette culture et d'industriels à fermer leurs usines. « Ces conséquences sont envisageables sur le court terme car si cela continue, l'an prochain ce sera pire », prévoit le président de l'UTAP regrettant au passage le fait que la Tunisie était le 9e exportateur de tomate concentrée dans le monde. En 2012, pas moins de 45 000 tonnes ont été exportées vers l'étranger; en 2013, à peine la moitié. La situation est d'autant plus préoccupante que, cette année, diverses maladies et parasites ont affecté les récoltes. « En raison des difficultés financières des agriculteurs, les récoltes n'ont pas été soignées convenablement comme d'habitude et on le remarque à la qualité des produits agricoles qui s'est beaucoup dégradée », explique encore M. Abdelmajid Ezzar. Ceci outre les parasites introduits à travers l'importation anarchique et illicite des produits agroalimentaires comme c'est le cas des pommes qui ont été à l'origine de l'introduction en Tunisie d'un parasite ravageur, le «feu bactérien». Si ces importations sont illicites, comment se fait-il que ces pommes soient présentes en abondance et à longueur d'année dans les étals des souks et marchés tunisiens? Si ce n'est pas de l'importation illicite « protégée », pourquoi ces produits ne subissent-ils pas le contrôle sanitaire d'usage sur tout produit importé ? Pour M. Ezzar, comme pour le commun des citoyens, il faudrait une réelle volonté politique et administrative pour débouter ces réseaux de contrebande qui agissent au grand jour et défoncer ainsi les portes grand ouvertes de la corruption et de la spéculation.