La galerie Selma Feriani reçoit la talentueuse photographe algérienne Zeïneb Sedira, qui propose des «récits maritimes entre terre et mer». L'histoire des galeries est souvent une aventure. Née à Londres, où elle portait, au début, le nom de la galerie mère de Sidi Bou Saïd, «le Violon Bleu», la galerie Selma Feriani a très vite choisi de se faire son identité propre, et d'imposer son nom sur la place. Ayant fait ses preuves en Angleterre, et dans les salons internationaux, elle revient, à Sidi Bou Saïd, ouvrir des cimaises voisines du Violon Bleu. La galerie Selma Feriani, nouvel espace dédié à l'art contemporain, et filiale de la galerie londonienne du même nom, elle-même filiale émancipée du Violon Bleu, apporte un air nouveau sur les hauteurs du village. Et organise, au rythme de quatre expositions par an, des événements concomitants. Selma Feriani recevait donc Zeïneb Sedira, photographe de talent algérienne, vivant à Londres, cependant que le Violon Bleu présentait une exposition de céramiques. Le palmarès de Zeïneb Sedira, qui présente pour la première fois une exposition personnelle à Tunis, est étonnant. Après des études au Royal College Of Art de Londres, un master à la Slade School of Art, à Londres toujours, elle poursuivit sa formation à la Central Saint Martins School of Art. Elle a exposé en solo en France, en Italie, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Afrique du Sud, au Canada, aux USA , en Angleterre et en Algérie. Ses œuvres font partie des collections du Musée Pompidou, du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, du Mathaf Museum du Qatar, de la Tate Collection, du Victoria and Albert Museum, du musée des Arts de Sharjah... A Sidi Bou Saïd, Zeïneb Sedira présente un ensemble de photos et caissons lumineux dont certains ont déjà été exposés, d'autres sont inédits, autour du thème «Récits maritimes entre terre et mer». On y parle de départs et de migrations, de lents périples qui ont pour seuls horizons la mer ou le sable. De fins de voyages, et d'abandon. Mais de quoi, si ce n'est de l'espoir peut-être, de la quête inaboutie, de l'échec du voyage. Zeïneb Sedira nous montre des forts abandonnés, des carcasses rouillées, des apocalypses environnementales, des cimetières automobiles. Cela sent la rouille et la décadence. C'est infiniment triste. Mais si bien photographié qu'on se dit qu'il doit certainement y avoir quelque chose après. Et qu'il faut suivre Zeïneb Sedira.