Au lendemain de l'assassinat de Mohamed Brahmi, plusieurs personnes se sont rassemblées au centre-ville de Tunis dans un climat électrique. Rideaux de fer baissés, verrous bien mis, la plupart des boutiques et bureaux du centre-ville de Tunis sont fermés. L'appel à la grève générale de l'UGTT a visiblement été suivi. Sous un soleil accablant, des hommes et des femmes se dirigent vers l'avenue principale. L'assassinat du député d'opposition, Mohamed Brahmi, est dans toutes les conversations. Assis sur les trottoirs adjacents au ministère de l'Intérieur, qui est toujours barricadé derrière les barbelés de 2 m de hauteur, des gens attendent de passer à l'action. «Nous ne sommes pas là pour protéger les magasins, mais pour participer à la manifestation», affirme l'un d'eux. «Nous en avons assez», rajoute-t-il. Le sentiment de ras-le-bol et de colère est largement partagé par les manifestants, de plus en plus nombreux au centre de l'avenue. Plus loin, devant le Théâtre municipal, des personnes sont assises sur les marches en marbre. Là aussi, on attend que le mouvement se densifie. Le mot d'ordre de descendre dans la rue a été donné hier matin par des partis d'opposition. Des manifestants se sont rassemblés dès 9 heures du matin à la Place Mohamed-Ali, devant le siège de l'UGTT, pour aller ensuite à l'avenue Habib-Bourguiba. Manifester, et après? Plusieurs personnes sont venues spontanément au centre-ville, sans pour autant être d'accord avec les revendications de certains partis d'opposition de dissoudre l'Assemblée nationale constituante et de mettre en place un gouvernement de salut national. «L'assassinat de Mohamed Brahmi est un drame. Mais nous sommes sur le point d'avoir une nouvelle Constitution et d'organiser des élections, il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin», affirme Ali, d'un air dépité. Que se passerait-il si l'ANC est dissoute et que le gouvernement actuel tombe? La plupart des manifestants interrogés ne le savent pas. Leur souci, c'est le présent, mais aussi le passé entaché du sang des martyrs. «Nous voulons qu'ils partent, ces gens au gouvernement qui veulent plonger notre pays dans la terreur. Nous voulons qu'ils partent, c'est tout», entonne une femme assise devant le Théâtre municipal, le drapeau tunisien sur les genoux.