Globalement, le chef du gouvernement Ali Laârayedh a raté une belle occasion de se taire. On s'attendait à ce qu'il prenne une position dans le sens d'un gouvernement d'union nationale afin d'éviter cette bipolarisation et d'atténuer cette image donnée au peuple de deux camps qui se battent tout le temps. Bref, un gouvernement d'union nationale qui serait contre le nihilisme des uns et l'autisme des autres. Nous avons donné une conférence de presse et rendu public un communiqué, il y a trois jours, où nous avons proposé notre vision d'une possible sortie de crise. Et ce, en plusieurs points : le retrait de nos députés de l'ANC, la démission du gouvernement, la formation d'un gouvernement d'union nationale constitué de personnalités indépendantes qui ne pourraient en aucun cas se présenter aux prochaines élections. La formation d'un comité politique composé de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, l'Ugtt, l'Utica et le conseil de l'Ordre des avocats qui constituera l'assise politique du gouvernement. Nous sommes contre la dissolution de l'ANC car à nos yeux cela représente un saut dans le vide. Mais son rôle se limiterait à élire l'Isie à terminer la rédaction de la Constitution et à la préparation du code électoral. Nous avons également appelé à la dissolution des ligues de protection de la révolution et autres milices outre l'élaboration d'un plan national pour combattre le terrorisme. Or, rien de tout cela n'a été évoqué par le chef du gouvernement. C'est pourquoi j'estime que le discours du chef du gouvernement n'est pas constructif mais vague et évasif. Il est clair que la démission du gouvernement s'impose plus que jamais après notamment la poursuite de plus belle des assassinats politiques et du terrorisme avec l'attaque avant-hier de huit de nos valeureux soldats qui étaient en mission contre les terroristes au Jebel Chaâmbi et qui ont trouvé la mort. Quant au dialogue prôné par le chef du gouvernement, je pense qu'il s'imposera, vu le blocage que vit actuellement l'ANC. Car l'élection des membres de l'Isie se fait aux 2/3. Donc, de facto, l'ANC est bloquée. Et ce déblocage ne pourra avoir lieu qu'avec la formation d'un gouvernement d'union nationale suite à laquelle les députés en sit-in pourraient retourner de nouveau à l'ANC.