Le porte-parole du ministère de la Défense, le colonel-major Taoufik Rahmouni, a confirmé hier le début d'une vaste opération militaire et sécuritaire qui vise à « assainir la zone des poches terroristes » qui menacent la sécurité dans l'ensemble du pays. A 22h00, jeudi, un échange de tirs entre un soldat et un individu armé à proximité du village de Bir Ouled Nasr du côté de la région de Foussena a déclenché le début d'une vaste opération militaire dans laquelle l'armée de terre, renforcée par des unités spéciales et soutenue par l'armée de l'air, continue à bombarder les endroits suspectés d'abriter des terroristes à l'intérieur du Mont Châambi. Dans la soirée, une information selon laquelle il y aurait eu 3 terroristes tués lors de l'échange de tirs avait circulé sur les réseaux sociaux, mais elle a été démentie par le ministère de la Défense ainsi que par des activistes et des journalistes de la région qui s'étaient déplacés du côté de l'hôpital régional de Kasserine sans trouver la trace de victimes ou de blessés. Le porte-parole du ministère de l'intérieur a effectivement précisé qu'il n'y avait « ni arrestations ni tués du côté des terroristes » dont le nombre reste jusqu'à présent inconnu. Selon une source locale, l'incendie observé à des kilomètres déclenché au mont Châambi aurait permis « comme par stratagème » de déplacer les terroristes sur un terrain maîtrisé par l'armée tunisienne, où les combats seraient actuellement en cours. Dès l'aube hier, des avions de combat de type F-5 ont bombardé des endroits dans les profondeurs du mont Châambi soutenus par des tirs d'artillerie lourde. L'opération en cours dans toute la région de Kasserine est également policière puisque les forces de sécurité intérieure ont entamé en même temps que la campagne militaire, une campagne sécuritaire d'envergure aux entrées de la ville de Kasserine et dans les villages limitrophes du Mont Châambi où se déroule l'essentiel de l'opération. Selon une source sécuritaire, la Brigade antiterroriste de Tunis et l'Unité nationale de protection contre le Terrorisme sont venues de la capitale pour prêter main forte à leurs collègues kasserinois. La police procède à des fouilles et des perquisitions systématiques des véhicules à risque et également des endroits à risque, le tout dans une zone totalement bouclée par les unités des forces de sécurité intérieure. Il faut dire que les analystes ont toujours soupçonné l'existence de liens étroits entre les terroristes et d'éventuelles cellules dormantes dans les villes dont la tâche serait, pour le moment, ,d'apporter une aide logistique aux groupes armés qui ont rejoint le maquis. Les forces de sécurité intérieure ont ainsi arrêté 13 individus appartenant au courant salafiste et soupçonnés d'entretenir des liens avec les terroristes, et ce, à la cité Ezzouhour et plus précisément à la sortie de la mosquée « Ettaouba », réputée pour être le terreau des fondamentalistes religieux. « Nous avons effectué une descente à la mosquée Taouba à la Cité Ezzouhour, et nous avons pu arrêter 13 personnes fichées en tant qu' extrémistes et appelant fréquemment à la haine et à la violence », a déclaré au journal La Presse le capitaine Sofiène Gannoudi, directeur de la sécurité publique à Kasserine. Parmi les personnes interpellées, le capitaine Sofiène Gannoudi, évoque le nom de Saber Bouallègue, comme étant l'un des individus les plus dangereux, soupçonné d'avoir des liens avec un autre extrémiste du nom de Mourad Gharsalli. Aucun lien entre ces arrestations et les groupes terroristes du mont Châambi n'a pu jusqu'à maintenant être établi. « L'opération militaire et sécuritaire prendra le temps qu'il faudra pour éradiquer le fléau terroriste des terres de Kasserine », a affirmé le colonel-major Taoufik Rahmouni. Kasserine prend des allures de ville en guerre, une guerre dure, qui risque d'être longue. Les militaires savent que l'attaque terroriste qui a fait 8 victimes parmi leurs rangs ne peut rester sans réponse sur le terrain. Les habitants de la région que nous avons pu joindre en sont conscients, et comptent bien aider les militaires et les forces de sécurité intérieure à venir à bout de la menace terroriste, pour qu'ils puissent enfin passer à autre chose.