• L'engin explosif fait deux morts et deux blessés parmi les militaires • Le ministère de la Défense appelle les habitants de Kasserine à la vigilance • Faycel Chérif, expert militaire: «le groupe armé retranché à Jebel Chaâmbi bénéfice d'un soutien logistique de la part d'autres éléments résidant à Kasserine» Deux militaires ont été tués et deux autres blessés, hier, par l'explosion d'une mine au passage de leur véhicule en dehors de la zone militaire à Jebel Châambi. « Deux militaires ont été tués et deux autres blessés par l'explosion de la mine qui a eu lieu jeudi matin vers 07h45, au niveau du village de Doghra situé en dehors de la zone militaire », a affirmé le colonel Mokhtar Ben Nasr, un porte-parole de l'armée. C'est la première fois que des soldats sont mortellement touchés par un engin explosif depuis le début de la traque du groupe terroriste réfugié dans la montagne de Chaâmbi. Depuis fin avril, une vingtaine de militaires et gendarmes ont été blessés par des mines artisanales cachées dans la région. Ce même groupe est aussi responsable d'une attaque qui avait tué un gendarme en décembre 2012. Lundi, un militaire avait été, toutefois, abattu par erreur par ses collègues alors qu'il participait à la traque des terroristes à Jebel Châambi. L'armée a redoublé d'efforts pour ratisser cette région après les explosions des premières mines, usant notamment de tirs de mortier pour tenter de déminer cette zone de relief montagneux. D'après le bilan officiel, aucun membre du groupe djihadiste qui compterait des Algériens, des Libyens et des Tunisiens n'a été tué ou blessé jusqu'à présent. Selon les autorités, certains membres du groupe retranché à Jebel Châambi seraient des vétérans de la rébellion islamiste au Mali. Le ministère de l'Intérieur a cependant annoncé tout récemment que 45 terroristes liés à cette cellule avaient été arrêtés depuis décembre. Selon le ministère de l'Intérieur, les combattants du mont Châambi comptent aussi des membres d'Ansar al-Charia, le principal groupe salafiste djihadiste du pays. Le groupe d'Abou Iyadh assure pourtant n'avoir aucun lien avec les événements de Châambi. Soutien logistique Outre le groupe de Chaâmbi, un autre groupe est recherché dans la région du Kef et de Jendouba, selon le gouvernement. Ces deux groupes appartiennent à une cellule appelée «L'armée d'Okba Ibn Nafaâ». D'après les autorités, ces cellules préparaient des attaques contre les forces de l'ordre et l'armée. Selon l'armée et des experts de la lutte anti-terroriste, l'explosion de la première mine près d'une zone d'habitation pourrait constituer un tournant dans les évènements de Châambi. Le colonel Mokhtar Ben Nasser a, en effet, déclaré qu'«il est impossible que les éléments embusqués à Jebel Chaâmbi aient pu poser la mine étant donné que les lieux servant de caches au groupe armé étaient encerclés ». Selon le porte-parole de l'armée «l'hypothèse d'un soutien apporté aux éléments armés du Chaâmbi par certaines parties n'est pas à écarter». M. Ben Nasser a d'ailleurs appelé les habitants de la ville de Kasserine à la vigilance après la première explosion d'une mine tout près d'une zone d'habitation Même son de cloche chez Faycel Chérif, expert militaire. « Il est désormais clair que le groupe armé qui s'est replié à Jebel Chaâmbi bénéfice d'un soutien logistique de la part d'autres éléments résidant dans la ville de Kasserine », précise-t-il, rappelant que des tentes, des vivres et des moyens de communications ont été retrouvés dans les caches utilisées par le groupe armé. L'expert déplore, dans ce cadre, l'absence de tout travail de renseignement visant à identifier les éléments fournissant un soutien logistique au groupe armée. M. Chérif a également estimé que l'armée tunisienne est sous-équipée et non entrainée pour une guerre en montagne, notant que les délais de la fin de la traque du groupe armé de Châambi sont pour l'heure imprévisibles. Sur autre plan, L'analyste militaire pointe du doigt « l'absence d'une stratégie globale de lutte contre la terrorisme» et des structures adéquates comme un Institut indépendant d'études sécuritaires et stratégiques et d'une agence de sécurité nationale.