NATIONS UNIES/LONDRES (Reuters) — Au lendemain de l'adoption par l'Onu d'un quatrième train de sanctions en quatre ans contre Téhéran, Londres a pris la tête d'une croisade en faveur de nouvelles mesures pour dissuader un Iran toujours aussi défiant de poursuivre son programme nucléaire. C'est par 12 voix contre deux et une abstention — Brésil et Turquie, et Liban — que le Conseil de sécurité des Nations unies a voté mercredi soir sa résolution dont le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad a jugé qu'elle méritait "la poubelle" même si elle a suscité l'unanimité des cinq membres permanents. "J'estime qu'il est très important que l'Union européenne prenne davantage de mesures, que nous montrions que l'UE est prête, sur ce sujet comme sur d'autres, à peser de tout son poids sur le plan international", a déclaré hier le nouveau secrétaire au Foreign Office, William Hague. Catherine Asthon, porte-parole de la diplomatie européenne, devrait tenter avec Hague et ses homologues allemand et français de convaincre l'ensemble des ministres des Vingt-Sept lundi àLuxembourg de se prononcer en faveur d'autres sanctions qui seraient ratifiées par le Conseil européen du 17 juin. Il s'agirait d'ajouter quatre sociétés iraniennes —dont deux banques et une compagnie d'assurance — à la liste noire onusienne des entreprises dont les avoirs dans le monde sont gelés parce qu'elles sont soupçonnées de financer le programme nucléaire iranien. Les Etats-Unis jugent eux aussi insuffisante la résolution adoptée mercredi, car elle épargne le secteur énergétique de l'Iran et le Président Barack Obama s'est réservé "d'affiner et mettre en œuvre" des sanctions supplémentaires dont le Congrès devrait débattre ce mois-ci. Pour sa part, la Russie a affirmé hier que le texte de l'Onu ne concernait pas le projet de fourniture du système antimissile S-300 à Téhéran, puisqu'il s'agissait d'armes défensives, mais de source proche de l'industrie militaire à Moscou on juge "évident" que ce contrat sera gelé. "Sanctions en aucun cas paralysantes" Israël, qui s'est réjouit du vote du Conseil de sécurité, et les Etats-Unis pressent Moscou de renoncer à la vente de ce système susceptible de protéger les installations nucléaires iraniennes d'éventuels bombardements aériens, que les deux pays n'ont jamais exclus. L'Iran se montre de plus en plus impatient de voir ce contrat honoré mais le Kremlin semble vouloir conserver cette carte dans sa manche que ce soit vis-à-vis de l'Iran ou face aux Occidentaux, dit-on de source diplomatique. Ali Asghar Soltanieh, représentant de l'Iran au siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), a affirmé que les sanctions adoptées mercredi "ne changeront rien" et que l'Iran "continuera ses activités d'enrichissement de l'uranium". Le Conseil de sécurité préconise de nouvelles mesures à l'encontre de banques iraniennes à l'étranger soupçonnées de liens avec les programmes nucléaire et balistiques iraniens ainsi que l'examen à la loupe des transactions avec tous les établissements bancaires iraniens, y compris la Banque centrale. L'embargo sur les armes déjà en vigueur est étendu et sont ajoutées à la liste noire de l'Onu 15 entreprises appartenant aux Gardiens de la Révolution et trois autres firmes contrôlées par la compagnie Islamic Republic of Iran Shipping Lines. Un régime d'inspection des cargaisons, analogue à celui déjà en vigueur à l'encontre de la Corée du Nord, est enfin mis en place. Selon l'analyste Mark Fitzpatrick de l'Institut international des études stratégiques de Londres, "ces sanctions ne sont en aucun cas paralysantes et sont peu susceptibles d'entraîner un changement d'état d'esprit à Téhéran, bien qu'elles y feront leur effet".