Les alertes à la bombe sont devenues fréquentes depuis les événements du Chaâmbi qui ont coûté la vie à huit de nos valeureux soldats. Les citoyens ont bien répondu à l'appel des autorités sécuritaires qui, suite à des menaces terroristes, les ont sollicités à signaler tout objet suspect abandonné dans l'espace public. Heureusement, la plupart des alertes – El Menzah 9, La Médina de Tunis, Bizerte, Sidi Bouzid...- se sont avérées fausses. Après vérification, les sacs ou cartons suspects ne contenaient pas de vraies bombes mais des «ingrédients» de bombes artisanales (fils électriques, batterie...) sans danger. Cela signifie-t-il que l'on est à l'abri d'attentats terroristes ? Loin s'en faut. Car, il y a bien eu de vraies bombes qui ont explosé. Le 27 juillet dernier, un engin explosif actionné à distance par téléphone portable a fait sauter un véhicule stationné devant le poste de la Garde maritime à La Goulette. L'acte terroriste, qui, heureusement, n'a pas fait de victime, a coïncidé avec le jour de l'enterrement du député et militant Mohamed Brahmi, lâchement tué de 14 balles par des terroristes. Une deuxième explosion, et pas des moindres, a eu lieu cette fois dans la localité de Jedaïda et précisément dans le domicile d'un jeune salafiste de 25 ans, selon la source sécuritaire, au moment où il confectionnait sa bombe artisanale. L'explosion a tué le jihadiste, blessé gravement son épouse et terrorisé la population de la localité proche de la capitale Tunis. Le déploiement inhabituel des forces de l'armée et de la sécurité intérieure ainsi que les arrestations quotidiennes dans les rangs des salafistes jihadistes en disent long sur le degré d'insécurité qui prévaut dans le pays et celui de la menace qui pèse sur les Tunisiens. Les responsables politiques de la Troïka l'ont, eux-mêmes, souligné dans leurs différentes et successives déclarations de ces derniers jours si bien que les Tunisiens sont tenus de rester vigilants et de ne négliger aucun indice aussi anodin soit-il. Car les vraies fausses alertes ne sont jamais fortuites. Ces dernières ont au moins un objectif : semer le trouble, intimider, voire terroriser la population. Pour cette raison, il est dangereux et contre-productif de parler de fausses rumeurs dans le cas des fausses alertes. L'amalgame risque de nuire. Car de fait, il ne s'agit pas de rumeurs, puisque les fausses bombes sont bel et bien une réalité. En mettant en garde les citoyens contre les fausses rumeurs, dans le but d'éviter la diversion et la cacophonie, les autorités sécuritaires risquent, par ailleurs, d'induire en erreur les citoyens honnêtes et de faire baisser leur vigilance. Or, comme le dit l'adage : mieux vaut prévenir que guérir. Et dans le cas d'espèce : mieux vaut être prévenu que pris de court. Donc, mieux vaut gérer les alertes aux fausses bombes que les conséquences désastreuses des vraies.