Au bout de quatre heures d'échanges entre Ghannouchi et Abassi, rien de concret sur le démarrage du dialogue national. Chacun campant sur ses positions L'opinion publique nationale et les médias étaient suspendus, hier, aux résultats de la rencontre qui a groupé, au siège de l'Ugtt, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, et Hassine Abassi secrétaire général de la Centrale ouvrière. Au bout de près de quatre heures d'attente (la rencontre a démarré à 16 heures pour se clôturer vers 20 heures), l'entretien n'a pas dégagé de résultats concrets. «Aucune avancée n'a été enregistrée. Ghannouchi s'est contenté de répéter les positions de son parti. Il n'a pas exprimé clairement l'acceptation par Ennahdha de l'initiative de l'Ugtt. Toutefois, il a laissé insinuer que son parti pourrait adhérer à notre initiative si les autres, c'est-à-dire les alliés d'Ennahdha, étaient d'accord», indique à la presse une source informée auprès de l'Ugtt. Bouali M'barki, secrétaire général adjoint de l'Ugtt, chargé de l'administration et des finances, souligne : «La Centrale syndicale ouvrière demeure attachée à son initiative et considère que l'opposition doit revoir ses exigences à la baisse et accepter les propositions de l'Ugtt, surtout que la Troïka elle-même y voit une solution assez sérieuse et plausible. Quant aux noms qui circulent à propos du futur gouvernement et qui sont avancés par des sit-inneurs et les membres du Front de salut national, nous pensons que c'est un comportement qui ne fait qu'ajouter à la tension et nous avons invité les auteurs de ces actes à rencontrer le secrétaire général de l'Ugtt qui va les appeler à la retenue et à éviter les déclarations incendiaires. Finalement, cette rencontre n'a pas eu lieu suite à la fin tardive de l'entretien Abassi-Ghannouchi Le responsable syndical révèle également : «Hassine Abassi devait rencontrer le lundi 12 août (hier) le Dr Mustapha Ben Jaâfar, président de l'ANC, qui s'est excusé à la dernière minute puisqu'il avait à présider une réunion du bureau politique d'Ettakatol». Que fera l'Ugtt au cas où son initiative ne serait pas suivie par les différents protagonistes dont en premier lieu Ennahdha ? «Nous avons décidé de convoquer une session de la commission administrative nationale pour mardi ou mercredi prochains. Elle sera consacrée aux choix à prendre, que le dialogue national attendu démarre au cours de la semaine en cours ou que les concertations se prolongent encore», précise Bouali M'barki. Non aux conditions préalables Au sein d'Ennahdha, on campe toujours sur les mêmes positions dont principalement «celles de rejeter toute condition préalable au démarrage du dialogue national sous le parrainage de l'Ugtt», tient à indiquer Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif du parti, «Nous sommes favorables, ajoute-t-il, à la participation d'autres parties au gouvernement que nous avons déjà appelé gouvernement d'union nationale. L'idée de création d'un conseil de coordination et de suivi de l'action gouvernementale avec la participation des partis influents et des organisations nationales dont en premier lieu l'Ugtt est positive et Ennahdha y adhère. Dans notre parti, nous sommes convaincus, et nous l'avons toujours clamé, qu'aucune partie ne peut gouverner le pays à elle seule». Toutefois, Ennahdha demeure fidèle à l'ANC «qui doit préserver toutes ses compétences et décider souverainement des dates de l'adoption de la Constitution et de l'organisation des élections, loin de toute interférence ou directives que les constituants devront appliquer comme des élèves». Les alternatives avancées par les membres du Front de salut national qui sont passés à la divulgation de quelques noms parmi ceux qui dirigeront le prochain gouvernement sont jugées par Lourimi «comme des alternatives non pratiques et irréalisables. Ils ont placé la barre trop haut et menacent par leurs exigences excessives l'idée même de dialogue. Ils oublient malheureusement que l'heure n'est pas aux marchandages ou aux surenchères politiciennes. Elle est plutôt à la mobilisation de tous pour affronter efficacement le cancer du terrorisme qui ne fait pas de distinction entre légitimistes et frontistes».