.Hassine Abbassi lancera à l'adresse du gouvernement, des partis politiques et des composantes de la société civile, une initiative pour sortir le pays de la situation «très délicate qu'il traverse»
Les violences qu'ont connues différentes régions du pays ont plongé les citoyens dans le doute et le désarroi. Le doute d'un surlendemain devenant de plus en plus inquiétant et plein de risques. Naturellement, les réactions de dénonciation se multiplient. Est-ce suffisant ? On n'a guère besoin de lamentations. C'est plus profond que ça. Tous les partis politiques ont dénoncé ces violences même s'ils ne sont pas unanimes quant à la désignation des coupables. Toutefois, se dessine en filigrane la volonté de reprendre le dialogue entre les différentes composantes politiques du pays, pouvoir et opposition.
Hassine Abassi, en citoyen bien avisé et secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a précisé, dernièrement, qu'il « lancera à l'adresse du Gouvernement, des partis politiques et des composantes de la société civile, une initiative pour sortir le pays de la situation très délicate qu'il traverse ».
Lors de sa rencontre avec le Chef du Gouvernement Hamadi Jebali, il a évoqué les problèmes qui inquiètent les Tunisiens comme l'insécurité et les agressions perpétrées contre les locaux de la centrale syndicale et ceux des partis d'opposition ainsi que des édifices publics et privés.
Il a exprimé le refus des syndicalistes de la violence des « salafistes ». Il a précisé qu'il faut mettre fin à ces violences avant qu'il ne soit trop tard et que la situation ne dégénère encore plus et qu'elle devienne incontrôlable. Hamadi Jebali avait précisé lors de cette rencontre que les premiers éléments d'enquête ont révélé qu'un grand nombre des impliqués font partie de la frange des Salafistes, y compris des criminels qui avaient cherché à profiter de la situation pour perpétrer des vols, en plus de ceux qui appartenaient à l'ancien régime. Le secrétaire général de l'UGTT a demandé que les résultats de l'enquête soient portés à l'opinion publique. L'UGTT a consenti beaucoup de sacrifices dans la lutte de libération nationale, durant les années d'indépendance et pendant la Révolution du 14 janvier. Elle compte continuer à jouer un rôle de premier plan dans la période actuelle pour le salut de la Tunisie et la protection de ses acquis. Il a renouvelé à cette occasion la position irrévocable de l'UGTT à savoir que la situation du pays exige de « dépasser les clivages politiques et les tiraillements qui mettent en danger la réalisation des objectifs de la Révolution ».
L'UGTT qui n'est pas un parti politique et donc, totalement désintéressée du pouvoir, est avant tout soucieuse de l'équilibre et de la stabilité du pays. Hassine Abbassi considère que la Tunisie a urgemment besoin d'une initiative unificatrice.
Par ailleurs, le parti Républicain avait appelé à constituer le front le plus large possible d'unité nationale pour défendre la Tunisie.
De même la Voie Démocratique et Sociale (VDS) avait appelé à tout faire pour éviter au pays les dérapages qui peuvent semer la discorde entre les citoyens appartenant à un même pays. Elle appelle les forces démocratiques et progressistes à s'unir et avancer des propositions alternatives crédibles. La culture de tolérance et d'accepter son vis-à-vis doit être développée. Lors d'un débat, mercredi dernier, sur la chaîne de télévision Hannibal Tv, Samir Taïeb, porte parole de la VDS avait, encore une fois appelé à reprendre le dialogue entre le Gouvernement et les différents partis politiques de l'opposition. « L'intérêt de la Tunisie va au-delà des partis politiques », dit-il.
Lors du même débat télévisé, Lotfi Zitoun, ministre conseiller auprès du Chef du Gouvernement chargé des Affaires politiques, avait annoncé que le gouvernement va lancer prochainement un débat avec les différentes composantes de l'opposition, une information qu'Ahmed Néjib Chebbi, un des leaders du parti Républicain, a bien reçu.
De son côté Abderrazak Hammami, président de l'instance politique du Parti du Travail Patriote Démocrate (PTPD), avait déclaré dans un communiqué que son parti tout en rejetant la violence et les actes terroristes, demande au Gouvernement d'assumer ses responsabilités dans la dénonciation des coupables et l'application de la loi. Il réfute avec force ceux qui cherchent à récupérer le terrain politique. Le PTPD tient à la liberté de création à exercer dans le cadre des contraintes morales sans porter atteinte à l'identité arabo-musulmane du pays et sans agir avec légèreté face aux réactions populaires. Il appelle à un large dialogue national qui mènera à un consensus autour des mesures à prendre pour sauvegarder les acquis de la Révolution et parachever ses objectifs nationaux, civils et sociaux.
Les vœux de reprendre les chemins du dialogue seront-ils rehaussés ? La lutte contre l'extrémisme cimentera-t-elle les forces politiques modérées qu'elles soient islamiques ou laïques ? Ces partis sauront-ils oublier leurs anciens clivages pour lutter contre l'extrémisme ?