Samir Taïeb : «Pour être cohérent, il faudrait que la prochaine étape d'Ettakatol soit le retrait définitif de ses ministres» Le comité politique du Front du salut s'est réuni hier à Tunis et a, à ce titre, rendu public un communiqué qui traduit un campement sur les positions initiales, malgré l'évolution des événements ces dernières 24 heures. A l'issue de la réunion qui s'est tenue dans les locaux du parti Al-Jomhouri et qui a duré plus de deux heures, le Front du salut s'en tient fermement à la demande relative à la dissolution de l'ANC, grand point de discorde et somme toute un précieux outil de négociation entre les légitimistes et les opposants. «Nous tenons à nos demandes initiales relatives à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante et du gouvernement ainsi qu'à la formation d'un gouvernement de salut national réduit composé de personnalités nationales indépendantes qui ne se présenteront pas aux prochaines élections, et présidé par une personnalité nationale indépendante», indique le communiqué. Le même communiqué appelle «toutes les forces nationales, démocratiques et progressistes à soutenir le Front du salut pour pousser le gouvernement à partir et à faire réussir la semaine ‘‘dégage''». D'autre part, le comité politique du Front du salut pointe du doigt ce qu'il appelle «la campagne de dénigrement» à l'encontre des frontistes et réaffirme la solidarité entre ses membres. Selon Samir Taïeb, les «manœuvres» du parti Ennahdha ces derniers jours visaient à provoquer des scissions à l'intérieur du front de salut, mais affirme que celles-ci resteront sans succès. Ce durcissement, alors que dans la semaine, la question de la dissolution de l'ANC semblait proche d'être abandonnée, semble avoir été renforcé par l'appel à un «gouvernement non partisan» de la part du parti Ettakatol, membre de la Troïka au pouvoir. Les déclarations des uns et des autres confirment que le Front du salut mise sur l'implosion de la coalition gouvernementale et un isolement du parti islamiste. «La Troïka a commencé à se fissurer après la décision de Mustapha Ben Jaâfar de suspendre les activités de l'ANC, et se confirme par la dernière position d'Ettakatol qui est beaucoup plus proche de celle de l'Ugtt que celle de la coalition au pouvoir», affirme Samir Taïeb, porte-parole du parti Al-Massar. D'ailleurs, Ahmed Seddik, porte-parole du parti Ettaliaâ, le dit clairement : «La proposition du parti Ettakatol est positive et je vous ferai remarquer que les positions à l'intérieur de la coalition gouvernementale sont en train d'évoluer et le parti Ennahdha s'isole jour après jour». Samir Taïeb va jusqu'à penser que «pour être cohérent, il faudrait que la prochaine étape d'Ettakatol soit le retrait définitif de ses ministres». «Il reste une semaine au parti Ennahdha pour pouvoir manœuvrer, sinon il n'aura plus de chance et finira par admettre qu'il lui faut céder», nous dit Samir Taïeb. L'autre donnée, qui pourrait avoir motivé la position du Front de salut, pourrait être des assurances de Nida Tounès en ce qui concerne la rencontre entre BCE et Ghannouchi. Présent lors de la réunion, Taieb Baccouche n'a pas manqué de déclarer aux médias que le dernier communiqué du conseil de la choura «ne donne rien de nouveau» et que le parti islamiste a choisi la fuite en avant en procédant à de nouvelles nominations à la tête de l'administration publique, la sécurité et les médias qui sont «basées sur des loyautés partisanes contraires aux demandes populaires pour la neutralité de l'administration publique». Quant à Samir Taïeb, il indique que, selon ses informations, c'est Rached Ghannouchi qui a sollicité la rencontre avec BCE, mais que cette rencontre «n'a pas abouti à un rapprochement des points de vue». «Selon mes sources, Ghannouchi aurait proposé à BCE d'ajourner l'idée d'un gouvernement de salut national pour après le 23 octobre 2013, chose que le président de Nida Tounès a refusée», a-t-il déclaré. Les acteurs de la scène politique continuent à se livrer à une véritable partie de Poker, où chacun tente de bluffer son adversaire...mais également l'opinion publique, qui attend, lasse, la fin d'une partie ennuyeuse qui n'a que trop duré.