Une commission mixte composée de trois membres de la Haica et de trois membres du gouvernement sera chargée de fixer les critères de nomination des hauts cadres dans les établissements médiatiques publics. C'est un président de la Haica beaucoup plus sûr de lui qu'on a retrouvé à l'occasion de la deuxième conférence de presse organisée hier par la Haica dans l'ancien siège du Conseil constitutionnel, «squatté» provisoirement par cette Haute autorité dont la naissance a été tellement douloureuse qu'on a omis de lui prévoir un berceau. Cette assurance, Nouri Lajmi la doit peut être aux récentes mesures prises par la Haica et qui sonnent véritablement le début de l'étalage de ses prérogatives, même si Rachida Ennaifer, membre de l'instance de régulation, le dit souvent et à juste titre : «Les sanctions ne sont que l'exception, notre rôle est plutôt de garantir le travail des médias audiovisuels dans les meilleures conditions». Il est vrai néanmoins, comme le souligne Nouri Lajmi, que le vide institutionnel qui a duré plus d'un an et demi a fait beaucoup de mal aux médias et, en fin de compte, aux auditeurs et téléspectateurs. Les dépassements, plus ou moins graves, faits par les médias audiovisuels ont été passés au crible et, selon des normes, ont été sanctionnés ou signalés aux responsables de ces médias contrevenants. C'est le cas de deux émissions, l'une radiophonique, l'autre télévisuelle. Il s'agit de «Sabahouka Ajmal» à la radio Zitouna et de «Nida» sur la chaîne télévisée Al Hiwar Attounsi, auxquelles la Haica reproche de «diffuser des messages provocateurs» et a décidé la suspension de leur diffusion. «Je remercie les responsables de la Radio Zitouna qui ont obtempéré; pour ceux qui continuent à diffuser, nous prendrons à leur encontre les mesures appropriées le moment venu», explique Nouri Lajmi, allusion faite à Tahar Ben Hassine et à son émission Nida qui continue à être diffusée malgré cette décision. L'autre dossier brûlant pour la Haica est celui des nominations récemment faites dans certains médias publics et qui font polémique. A ce titre, le président de la Haica a annoncé que, suite à sa rencontre avec le ministre conseiller Noureddine B'hiri, il a été décidé la formation d'une commission mixte composée de trois membres de la Haica et de trois membres du gouvernement. Cette commission aura pour mission de «fixer les critères qui seront appliqués» dans la nomination des hauts cadres dans les établissements médiatiques publics. Dans le même cadre, et interrogé à plusieurs reprises par les journalistes sur la question des nominations, le président de la Haica a tenu à rappeler que l'instance de régulation a un droit de regard exclusivement sur la nomination des présidents directeurs généraux des médias publics. «Malgré cela, nous avons appelé le gouvernement à chacune de nos rencontres à réviser les nominations dans les postes clés, et lui avons demandé de faire preuve de prudence dans ces nominations au vu du contexte actuel», a-t-il déclaré. La Haica comme instance de régulation commence à se déployer même si ses locaux ne lui permettent pas de le faire pleinement, car le travail de cette instance n'est pas de se réunir autour d'une table et de prendre des mesures au «feeling», c'est plutôt un travail hautement technique et parfois même scientifique qui doit être fait. Il faudrait peut-être admettre que cette Haute autorité n'est pas un gadget qu'on peut loger n'importe comment, mais bel et bien une instance qui doit être respectée par l'Etat, pour qu'elle le soit par les protagonistes de la scène médiatique.