Ambiance plutôt intimiste et feutrée, cette année. Présence particulière de la femme bédéiste. Si les hommes dominent encore le milieu de la bande dessinée, de plus en plus de femmes cherchent à affirmer leur talent dans le 9e art. C'est ainsi que le 17e Salon international de la bande dessinée de Tazarka, qui s'est tenu du 23 au 25 du mois courant, a rendu hommage à la Femme en invitant des auteures, telles que les Tunisiennes Gihène Ben Mahmoud, Nada Dagdoug, Noha Jaâfar, Mona Abid, ainsi que la Française Elsa Brants qui ont exposé leurs planches à la maison de la culture de Tazarka, apportant cette touche sentimentale qui manquait tant à la bande dessinée tunisienne. A part Gihène Ben Mahmoud, qui a déjà édité son album (La revanche du phénix) et qui est à la recherche d'un éditeur pour continuer son opus, les autres auteures ont fait quelques tentatives sur des revues locales ou sur des blogs privés, mais par manque de soutien financier, ne réussissent pas à se faire connaître en tant que bédéistes. L'édition de la BD, les moyens financiers pour concrétiser les projets sont les problèmes de toujours et les choses sont loin de s'améliorer. Loin de là. En effet, après une courte envolée en 2011 et 2012 avec des BD sur le thème de la Révolution, il semble qu'une sorte de désintéressement se soit installée. Quelques tentatives sporadiques, comme la revue Koumik et Kosksi Belben, se sont vite éteintes. La nouvelle revue trimestrielle Lab.619 qui est apparue cette année et dont les planches étaient représentées dans ce salon, illustrent la nouvelle tendance graphique avec Seïf Ennechi, Aymen M'barek, Lamia Mechichi, Adenov, etc. Mais l'avenir de cette expérience semble incertain, encore une fois par manque de moyens. Pour en revenir à ce 17e Salon, disons que Elsa Brants et Guillaume Lapeyre (France), Jerémie Nsigui et Platini Lubunu (République Démocratique du Congo) lui ont conféré une timide dimension internationale, ce qui ne l'empêche pas de continuer à essayer, contre vents et marées, de maintenir le cap, en attendant des jours meilleurs. Par ailleurs, des ateliers de dessin, de coloriage et d'initiation à la BD ont été organisés pour les enfants. De leur part, les universitaires Magid Majoul et Issam Marzouki ont animé une conférence sur les auteures et les héroïnes de la BD. Ce fut là l'essentiel des matinées du salon, tandis qu'en soirée, orchestre musical et projection de films sur écran géant ajoutaient au tintamarre assourdissant des mariages alentours, le brouhaha des gosses du quartier s'éparpillant sur l'esplanade de la maison de la culture tel un vol d'étourneaux dérangés dans leur sieste estivale.