Qui cherche à étouffer sa voix ? La «choura». Quel beau mot de la langue arabe ! Un mot tellement plein et si fort que sa traduction en français (consultation ou concertation) ne le rend que partiellement. Et quand on lui accole le terme conseil, il devient carrément intraduisible, parce qu'il acquiert alors une dimension qui dépasse la seule concertation pour englober sagesse, sécurité, dialogue et acceptation de l'autre. Des valeurs que M. Hamza Hamza, membre du Conseil de la choura d'Ennahdha, par ailleurs parachuté à l'Office de l'aviation civile et des aéroports, semble à l'évidence ignorer. Impulsif, coléreux et vindicatif, il a crié, insulté et proféré des menaces à l'encontre de notre confrère Soufiane Ben Farhat et de sa collègue Wissal Kasraoui. Cela se passait hier, en direct sur les ondes de la chaîne Shems FM au cours d'une émission où on l'a invité à s'exprimer à propos des critiques formulées par le syndicat de l'Oaca quant à son affectation. Indigne d'un homme de religion supposé donner l'exemple pour le prêche de la bonne parole, de la bienséance et du respect de l'autre. Comment un monsieur qui contribue en principe aux choix d'un mouvement aussi important et aussi médiatisé qu'Ennahdha peut-il se permettre de traiter ses interlocuteurs de «chiens de Hamma Hammami et du Front populaire», avant de les menacer de leur en faire voir de toutes les couleurs ? Etonnant. Choquant, même. Mais ce qui est ahurissant et révoltant, c'est qu'au lieu d'être soutenu par Fethi Bhouri, son employeur, ce dernier n'a pas trouvé mieux que de le congédier. Drôle de reconnaissance pour un journalite et un chroniqueur qui a beaucoup donné à Shems FM et qui a contribué, un tant soit peu, à faire grimper son taux d'audition, au risque d'être menacé dans sa vie. Choix délibéré et volontaire ou décision édictée à laquelle il a dû se plier, pour des intérêts politico-financiers, peut-être ? Quoi qu'il en soit, la liberté d'expression a pris, hier, un sale coup. Soufiane Ben Farhat a choisi de répondre par une grève de la faim. Une grève dans laquelle il est soutenu par le Syndicat des journalistes et par sa famille de toujours, La Presse