Depuis près de deux ans, les journalistes et les artistes sont soumis à des campagnes de dénigrement que mènent parfois ministres et élus du parti dominant. Les exactions vont crescendo et la liste des journalistes victimes de violences et traînés devant les tribunaux s'allonge de jour en jour. Le vendredi 13 septembre 2013, la violence a atteint son paroxysme et elle s'est exercée au sein de l'enceinte où les citoyens et les justiciables sont censés être protégés contre les agressions, le Palais de Justice ! Trois journalistes, Tahar Ben Hassine, Zouheir El Jiss et Zied El Héni, ont comparu, dans la même matinée, devant le juge d'instruction au Tribunal de première instance de Tunis. Alors que les deux premiers ont vu leur audition reportée, Zied El Héni, déféré conformément à l'article 128 du code pénal, abrogé depuis 1975 par le Code de la presse, lui-même aboli et remplacé par le décret-loi 115 du 2 novembre 2011, est arrêté sans avoir été entendu. Si la traduction de ces trois journalistes devant le juge est en soi un scandale, en raison du caractère infondé des faits qui leur sont reprochés, le mandat de dépôt émis contre Zied El Héni entaché de vices de forme avérés et la violence avec laquelle il a été arrêté sont un outrage à l'indépendance de la justice, à la liberté d'expression et aux droits humains. Face aux exactions qui mettent en difficulté les journalistes, entravent la bonne marche de leur travail et menacent leur intégrité morale et physique, face aux procès iniques et à la mainmise de l'exécutif sur la justice, l'Atdvu appelle les autorités à respecter la liberté d'expression, condition sans laquelle aucun média n'est à même de fournir des informations et des analyses de qualité. Elle condamne toute intervention de l'exécutif dans les décisions des juges et réclame une justice indépendante. Elle apporte son plein soutien aux journalistes, à Zied El Héni en particulier, et au syndicat des journalistes dont elle salue l'engagement en faveur des libertés et dont elle appuie les différentes actions pour la défense de la liberté de la presse.