On connaît que des terroristes tunisiens ont rallié les rangs des Shabab en Somalie. Sont-ils impliqués dans l'opération sanglante de Naïrobi ? Ce n'est plus un secret pour personne : le terrorisme tunisien «s'exporte bien» puisque, selon les révélations des services de renseignements occidentaux, il a sévi d'abord en Afghanistan où il avait fait le dur apprentissage du jihad dans les années 90 avant de... voler de ses propos ailes pour gagner les champs de bataille au Pakistan, en Irak, en Tchetchénie, au Yémen, en Algérie, en Syrie, en Libye au Mali et en Somalie. C'est-à-dire là où... ça sent Al Qaïda à laquelle il avait juré fidélité. Ces révélations nous amènent inévitablement à nous interroger: les jihadistes tunisiens «à la somalienne» ont-ils pris part à l'attaque sanglante perpétrée récemment par les Shabab somaliens contre un centre commercial à Naïrobi (Kenya) ? Une question non négligeable, et sans doute à prendre au sérieux, pour au moins deux raisons: 1 — Selon des indiscrétions qui ont filtré des coulisses d'Ansar Echaria, ils seraient une vingtaine d'activistes yéménites à évoluer aujourd'hui en Somalie. Une hypothèse qu'une source policière bien informée n'écarte pas. 2 — Les jihadistes de Tunisie, des jeunes pour leur plupart, sont généralement faits pour ce genre d'opérations-suicide. En attestent des précédents en Irak, en Syrie, en Libye et récemment en Algérie (le fameux attentat du complexe gazier). Welcome to Boko Haram En attendant de connaître l'identité et la nationalité des membres du commando islamiste qui a frappé au Kenya, il est important de rappeler qu'un jihadiste tunisien, un certain Habib Ben Salah, alias Abou Moâdh, faisait déjà partie de l'escadron de la mort envoyé par Al Qaïda au Kenya en 2002 pour commettre un attentat-suicide contre un hôtel fréquenté par des Israéliens près de la ville côtière de Mombasa. Cet attentat avait fait 13 tués. La Libye, nouvelle plaque tournante Par ailleurs, des activistes tunisiens, révèlent encore des services d'espionnage occidentaux, ont dernièrement renforcé les effectifs du mouvement radicaliste nigérian, en l'occurrence Boko Haram, nouvel allié fidèle d'Al Qaïda et auteur, jusqu'à présent, de plusieurs attentats et massacres un peu partout au Nigeria. Dans le même ordre d'idées, il s'est avéré, de l'avis unanime des services de renseignements occidentaux mais aussi algériens, mauritaniens et égyptiens, que la Libye est devenue la plaque tournante d'Al Qaïda en Afrique. C'est dans ce pays déchiré par l'insécurité que s'amènent désormais de futurs jihadistes de différentes nationalités (y compris tunisienne) pour apprendre les... ABC du terrorisme (fabrication d'explosifs, maniement des armes, prise d'otages...) dans les innombrables camps d'entraînement aménagés par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) et fonctionnant à plein régime et en toute impunité. Après la réussite de leur «stage», les activistes sont... dispatchés pour de sales besognes en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, en Syrie, au Mali, en Somalie, au Niger et au Nigeria. Rappelons que, jusqu'ici, c'était l'Algérie qui constituait le cœur battant de la nébuleuse intégriste en Afrique.