STEG relance le rééchelonnement : 800 millions de dinars à régulariser pour les Tunisiens    Psychose numérique: la naissance de ''l'Homo sapiens algorithmicus''    La Cité des Sciences à Tunis abrite la septième édition de la Journée de l'aéronautique    Hajj 2025 : dernier délai fixé au 30 décembre pour le paiement    Rupture de médicaments : alerte de la Pharmacie centrale et date butoir fixée en Tunisie    Mali – Zambie : toutes les chaînes pour suivre le match en direct CAN 2025    19 ans de prison ferme pour Mondher Zenaidi    Nabeul accueille le festival international Neapolis de théâtre pour enfants    Ooredoo Tunisie célèbre la CAN avec son Fan Zone Festival « DAR EL FOOT »    Tunisie-Ouganda : qui dirigera le match de la CAN 2025 ?    Grippe saisonnière : protégez-vous et vos proches, la vaccination est clé !    Météo en Tunisie : temps localement brumeux, vent fort près des côtes    La Banque de Tunisie distinguée par Euromoney avec le Best Transaction Bank Award 2025    Semia Gharbi et Myriam Ben Salah parmi les 100 Africains les plus influents    Cérémonie de clôture de la 36ème session des journées cinématographiques de Carthage (Album Photos)    Mohamed-El Aziz Ben Achour: Le baldi dans son milieu    Un nouveau président élu à la Ligue professionnelle    Décès de Somaya El Alfy, icône du cinéma et du théâtre égyptiens    Le carcadé: Une agréable boisson apaisante et bienfaisante    Le Festival Néapolis du Théâtre pour Enfants de retour du 21 au 28 décembre 2025 à Nabeul et plusieurs régions    CAN Maroc 2025 : programme des matchs de la Tunisie, préparatifs et analyse des chances    La BIAT élue service client de l'année 2026 : la BIAT primée pour la qualité de son service    France : nouvel examen civique obligatoire pour tous les étrangers dès 2026    ESET Research analyse les cybermenaces du second semestre 2025, l'IA se place au cœur des attaques    Etats-Unis : Les « visas diversité » suspendus après la fusillade de Brown    Météo en Tunisie : pluies attendues sur plusieurs régions    France : Rachida Dati visée par une enquête pour corruption    Vient de paraître : Anouar Moalla en « Témoin libre d'une époque » (Album photos)    Elyes Ghariani - Le Style Trump: Quand l'unilatéralisme redéfinit le monde    UBCI à la première édition de «Le Bridge 25» organisée par la CCITF: un engagement fort pour l'innovation    Les Etats-Unis remettent à la Tunisie des équipements de sécurité d'une valeur de 1,4 million de dollars    Abdelaziz Kacem: "Les Arabes ne méritent pas leur langue"    Fête de la Révolution : la Tunisie se souvient, 15 ans après    Abdellatif Khemakhem: L'universitaire éclectique    Mort de Peter Greene : L'acteur des rôles cultes nous quitte à 60 ans    Slaheddine Belaïd: Requiem pour la défunte UMA    L'appel du Sud : le voyage gourmand de Malek Labidi dans La Table du Sud    Programme JCC 2025 : salles et horaires des films et où acheter les billets de la 36ème session des JCC    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    Titre    Match Tunisie vs Qatar : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 07 décembre?    Match Tunisie vs Palestine : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 04 décembre?    Des élections au Comité olympique tunisien    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Psychose numérique: la naissance de ''l'Homo sapiens algorithmicus''
Publié dans Leaders le 22 - 12 - 2025

Par Dr Samir Samaâli - Autrefois, l'hallucination était l'affaire du patient souffrant d'un trouble mental. Aujourd'hui, elle est celle de l'époque. Le réel n'est plus un territoire stable: il devient une option dans le menu déroulant de nos existences connectées, suggérées, commentées et anticipées par des machines qui ne dorment jamais.
L'Homo sapiens a inventé le langage, l'art et la culture. Avec eux, il a découvert la capacité de penser l'abstraction, d'imaginer l'autre et de créer des sociétés. Sa psyché était fragile, mais riche : entre rationalité et mythe, entre réel et symbolique. Il pouvait douter, rêver, se tromper… et c'était cette fragilité qui nourrissait sa profondeur. Aujourd'hui, nous assistons à un passage historique: de l'Homo sapiens à ''l'Homo sapiens algorithmicus''.
Dans notre société numérique, l'illusion n'est plus individuelle: elle est algorithmique. Nous scrollons, swipons, consommons des réalités prêtes-à-porter. Le monde numérique suggère nos pensées avant même que nous les ayons formulées. Chaque notification, chaque recommandation, chaque filtre ajuste notre perception: ce que nous voulons ou ce que nous craignons. Comme dans une hallucination bien construite, le réel se modèle à nos désirs… ou à nos peurs.
L'intelligence artificielle joue le rôle d'une hallucination parfaitement organisée : elle anticipe, conseille, corrige, complète. La pensée devient externalisée, la créativité sous-traitée, le jugement délégué. Nous ne pensons plus avec la machine : nous pensons par la machine. Nous confions même notre sens critique à l'algorithme, laissant nos doutes, nos interrogations et nos évaluations dépendre d'un programme qui ne ressent ni ne questionne. Ce déplacement subtil révèle une nouvelle dépendance cognitive: nous confions à l'algorithme ce que nous avions autrefois confié à notre propre réflexion.
Le transhumanisme a promis un humain augmenté, multiplié par un facteur, élevé à la puissance mathématique, toujours en exponentielle : un corps infatigable, une mémoire parfaite, une psyché sans doute ni fragilité. Mais ce rêve ressemble à une défense maniaque contre la condition humaine : refus de la limite, déni de la finitude, idéalisation d'un corps-machine éternel. Nos fragilités, autrefois sources de créativité, d'empathie et de lien social, deviennent des "bugs". En effet, la psychose numérique naît dans cette incapacité collective à accepter l'imperfection, la limite et le manque, fondements mêmes de la subjectivité humaine.
La psychose numérique n'est pas seulement une métaphore: elle se vit comme un environnement. L'hallucination n'est plus individuelle, elle est partagée et externalisée: flux constants, avatars, notifications et IA redéfinissent notre rapport au réel. L'intelligence artificielle ne pense pas, le transhumanisme n'humanise pas, et le monde numérique n'est pas neutre. Il agit comme un miroir déformant où nos fantasmes, nos peurs et nos contradictions se rejouent collectivement. Une psychose sans psychotique, mais avec des milliards de participants consentants.
Cette psychose numérique révèle un paradoxe: nos outils sont conçus pour penser et communiquer, mais ils redéfinissent notre subjectivité et nos limites. Dans ce passage de l'Homo sapiens à ''l'Homo sapiens algorithmicus '', nous risquons de perdre la richesse fragile de notre psyché : la capacité à douter, à rêver, à imaginer l'autre et à créer du symbolique. La vraie question devient : comment rester profondément humain dans un monde qui externalise notre pensée, nos émotions, notre sens critique et notre imagination ? Peut-être en réapprenant à habiter nos limites, à reconnaître nos failles et à retrouver un espace intérieur de réflexion authentique, même au cœur du flux numérique.
L'Homo sapiens algorithmicus
L'Homo sapiens algorithmicus désigne tout être humain dont la pensée, le jugement et le sens critique sont partiellement ou totalement externalisés à des systèmes algorithmiques. Ses décisions, ses évaluations et sa perception du réel sont influencées, voire préconfigurées, par des flux numériques, des recommandations automatisées et des outils intelligents, au point que sa subjectivité devient co-construite avec la machine.
Dr Samir Samaâli
Médecin psychiatre tunisien


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.