C'est sur «les ateliers de fabrication des bombes artisanales» que les raids seront désormais axés On l'a dit, et on ne le répétera jamais assez : les terroristes ne se contentent jamais de la contrebande pour s'approvisionner en armes, car ils comptent aussi sur une autre source de ravitaillement non moins performante, à savoir la fabrication des bombes artisanales. Ce procédé qu'on dit naïvement «archaïque» est devenu, de nos jours, un vrai cauchemar qui torture désormais les crânes de nos enquêteurs. Ceux-ci furent en effet surpris, voire éberlués, en constatant que dans deux descentes policières sur trois effectuées la semaine dernière, il y a eu saisie de bombes de fabrication artisanale. Et c'est grave, dans la mesure où, soutiennent experts tunisiens et occidentaux, ces bombes facilement fabricables au moindre coût ont fait la preuve de leur terrible puissance de feu dans plusieurs zones de combat investies par Al Qaïda, particulièrement en Irak, au Liban, au Mali, au Yémen, en Algérie, en Afghanistan et maintenant en Syrie. Formation... sur la Toile Selon d'autres révélations des services de renseignements occidentaux, il s'est avéré que l'émergence de cette petite arme meurtrière au début des années 90 fut une trouvaille de Ben Laden qui, pour compenser les difficultés d'approvisionnement en armes, a dû se rabattre sur une tactique interne qui consistait en la fabrication de ces bombes. D'où sa décision de la création de cellules secrètes chargées de l'exécution de ce «projet» et formées d'experts en la matière triés sur le volet parmi les experts du mouvement. Au départ, tout se passait dans les camps d'entraînement où un stage d'une semaine suffisait au candidat pour apprendre l'abc de cette sale besogne. Aujourd'hui, c'est sur la Toile que ces stages sont administrés gratuitement via les innombrables sites terroristes. Cherche ateliers désespérément Revenons aux dernières saisies enregistrées dans nos murs pour annoncer que, selon les premiers éléments de l'enquête, les bombes artisanales confisquées portent la griffe d'ex-jihadistes tunisiens ayant fait leurs preuves en Afghanistan, avant d'être arrêtés et emprisonnés, qui à Guantanamo, qui en Irak. Rapatriés en Tunisie au temps de l'ancien régime, ils seront libérés par la révolution pour se remettre aussitôt au «boulot», comme si de rien n'était ! Aujourd'hui, c'est justement derrière ces hommes dangereux que la traque est désormais circonscrite, étant donné que leur arrestation pourrait générer deux gains non négligeables : – La réalisation de nouvelles saisies, d'où un tarissement de cet arsenal. – La limitation des menaces potentielles que constituent les bombes artisanales. C'est pourquoi le travail d'investigation et de recoupement déployé en ce moment par la BAT (brigade antiterroriste) et le reste des unités des forces de sécurité intérieure est axé sur les quartiers populaires des villes considérés — il est vrai — comme le terrain de prédilection pour l'aménagement de caches d'armes et d'ateliers de fabrication des bombes artisanales.