- D'abord sous-estimés, les terroristes font l'objet aujourd'hui d'une traque implacable Les déluges de feu déversés quotidiennement et sans interruption depuis une semaine, par l'armée nationale, sur les repaires des terroristes retranchés au mont Châambi, réussiront-ils, enfin, à les déloger de leurs cachettes et à les obliger à accepter la confrontation directe et sa conséquence inéluctable, la mort ou la capture. ? Tous les moyens sont, cette fois-ci, déployés et pour la première fois, les missiles air-sol dirigés sont largement mis à profit à cette fin. L'armée tunisienne semble avoir tiré la leçon des erreurs du mois d'avril dernier, lorsque le gros des unités militaires engagées dans la traque du groupe terroriste, au mont Châambi, s'était retiré après y avoir entrepris une vaste opération de ratissage, au lendemain de l'explosion de quelques mines anti personnelles sous les soldats tunisiens, ne laissant sur le terrain que quelques unités réduites pour des missions de surveillance. Un adversaire farouche Or, depuis longtemps, les stratèges de tous les pays ont averti que la grande faute que puisse commettre une armée en guerre est la sous estimation des forces ennemies. L'embuscade meurtrière tendue par les terroristes, lundi 29 juillet, au mont Châambi, dont les péripéties tragiques et les résultats sont connus de tous, est, à cet égard, instructive. Devant cette opération sanglante minutieusement préparée dans les moindres détails par ses auteurs et disant long sur leur maîtrise des stratégies et tactiques des combats, l'armée nationale a pris la mesure réelle de l'adversaire qui s'est avéré être un adversaire farouche et aguerri. D'où l'ampleur sans précédent de l'engagement de l'armée nationale, dans les nouvelles opérations menées, en ce moment, contre le groupe terroriste. Des témoins oculaires parlent de bombardements systématiques presque au mètre de la zone ciblée, déclarée zone militaire. Les avions, d'en haut, et l'artillerie et les blindés, au sol, pilonnent, sans relâche, les vastes étendues de forêts couvrant la montagne. Et chaque fois qu'une portion du terrain est jugée totalement sécurisée, les troupes motorisées y prennent position. Toute la montagne est en flammes, tandis que le ciel en dessus est obscurci par les colonnes de fumée qui s'en dégagent. Quelque 276 grottes L'un des objectifs visés est constitué par les quelque 276 grottes et cavernes que le mont Châambi, au relief très difficile, renferme et où les terroristes traqués sont soupçonnés d'avoir élu domicile. Les riverains appellent ces grottes du nom de « damousse », mot qui veut dire en latin « maison ». Les seize abris de branches que l'armée avait dit avoir détruits en avril dernier et pris pour les cachettes principales des terroristes, n'étaient que des relais. Pour certains commentateurs, il avait fallu commencer par attaquer les grottes et les cavernes, comme avaient fait les Américains en Afghanistan en 2001. Ils ont commencé la guerre contre les Talibans en Afghanistan par le lancement de ce qu'ils avaient appelés des « tapis de bombes » contre les repaires des troupes des Talibans dans les montagnes à l'instar de celle de Tora Bora. Les bombes utilisées sont des bombes spéciales anti-tunnels, pesant chacune des centaines de kilogrammes. Les avions bombardiers font, dans ces cas, comme le laboureur qui laboure un champ, sillon après sillon, de sorte qu'à la fin de l'opération, tout le terrain est renversé de fond en comble. Aujourd'hui, les commandes d'armes comportent le plus souvent des bombes anti-tunnels. L'Algérie, confrontée depuis des décennies au terrorisme, aurait en sa possession un stock de bombes anti-tunnels. Cependant, même sans ces bombes anti-tunnels, l'impact physique des opérations en cours de l'armée tunisienne au mont Châambi est très grand. L'étau se resserre, de jour en jour, autour du groupe terroriste dont le sort semble être scellé. La fuite en avant Les autorités algériennes ont capturé, ces derniers jours, un certain nombre de terroristes entrés en Algérie, à partir de la Tunisie, au niveau du champ de bataille de Châambi. S'agit-il de fuyards ? Cependant, le nombre exact des éléments du groupe de Châambi reste inconnu, quoique les autorités tunisiennes possèdent une longue liste nominative des terroristes opérant sur le territoire national. Il ne faut pas oublier qu'outre le groupe terroriste de Châambi, dans le gouvernorat de Kasserine, les autorités tunisiennes ont indiqué qu'il existe, également, un autre groupe retranché dans les zones reculées du gouvernorat du Kef. D'ailleurs, les auteurs de l'embuscade de lundi 29 juillet ne sont pas très connus. S'agit-il du groupe retranché au mont Châambi, ou d'un autre groupe venu ou envoyé à la rescousse d'une autre base. Découverts presque simultanément, au début de décembre 2012, le groupe de Châambi et celui du Kef sont liés et appartiennent à la même phalange ou réseau terroriste implanté en Tunisie et se nommant ‘'la phalange de Okba Ben Nafâa'' du nom du conquérant arabe connu de l'Afrique du Nord, au début de l'Islam. Le réseau se réclame du réseau terroriste international « al Qaida », particulièrement de sa section nord africaine, connue sous le nom d'al Qaida au Maghreb islamique, AQMI. Sources de ravitaillement Au même moment, les forces de sécurité intérieure, police et garde nationale, appuyées par la Douane tunisienne, ont réussi, ces derniers jours, à démanteler des cellules terroristes en ville, liées au même réseau terroriste , notamment à El Ouardia, aux environs de Tunis et dans la ville de Sousse, outre des saisies d'importantes quantités d'armes dont la plus importante est la saisie effectuée dans la ville de Ben Guerdane, près des frontières tuniso-libyennes, et comportant des fusils d'assaut automatique de type « kalachnikov », des roquettes, des mitraillettes et diverses munitions. Des éléments terroristes ont pu être arrêtés, en se faisant grièvement blessés à la suite de l'explosion de bombes artisanales qu'ils essayaient de confectionner, comme le terroriste de Menzel Bourguiba qui a eu la main coupée par l'explosion de la bombe qu'il essayait de confectionner. Les objets et documents trouvés lors du premier ratissage du mont Châambi en avril dernier comportaient des manuels sur la confection des bombes et des mines artisanales. Ces terroristes fabricants de bombes artisanales en ville, avaient-ils été entraînés au mont Châambi ? La question mérite d'être vérifiée. Aussi, la lutte contre le terrorisme en ville est très importante, car elle contribue à tarir ses sources d'approvisionnement et de ravitaillement en armes et en ressources humaines. Après les premières hésitations et le retranchement dans une position de défense passive, la Tunisie est passée, sérieusement, à l'étape de l'attaque active dans sa lutte contre les groupes terroristes implantés sur son territoire national, et tout indique que le succès est proche , ou du moins qu'il est certain si l'on persévère dans cette voie.