Le discours du président de la République provisoire à l'Onu a suscité plusieurs réactions, que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur de nos frontières... Du côté des politiciens, les avis et les commentaires sont divers et parfois opposés, sur le discours du président de la République devant l'AG de l'ONU. Si, d'une façon générale, les partis de l'opposition ont vu dans l'intervention de Marzouki et dans son allusion à la situation égyptienne une atteinte au principe de neutralité qui caractérisait la diplomatie tunisienne post-indépendance, d'autres voient les choses autrement. C'est le cas de Imed Daïmi, secrétaire général du Congrès pour la République. «Une nouvelle page » Il considère que le discours « du président de la République ouvre une nouvelle page dans la diplomatie tunisienne, une diplomatie qui correspond à l'esprit de la révolution tunisienne et à la nouvelle place de la Tunisie dans la région et dans le monde, comme pays initiateur du Printemps arabe, et naturellement ayant une responsabilité dans la réussite du processus démocratique dans les pays qui ont suivi notre modèle révolutionnaire.» En réponse aux réactions égyptiennes et émiraties, Imed Daïmi juge que dans les propos de Mohamed Moncef Marzouki, il n'y avait rien d'offensant : « Je considère que notre président a été correct. Il n'a porté atteinte à aucun pays. Il a parlé avec courage. Il s'est exprimé au nom du peuple arabe qui soutient massivement la révolution dans les pays de la région et condamne massivement les coups d'Etat et les massacres. La Tunisie doit rester fidèle au principe de cette révolution et doit soutenir les causes justes, sans faire beaucoup de calculs ‘‘pragmatiques''». Il ajoute : « La position de principe exprimée par le président a été très favorablement reçue par beaucoup d'intellectuels, politiques arabes et citoyens arabes». Concernant les critiques proférées par l'opposition, le secrétaire général du CPR trouve que ces dernières ont été motivées par o« des raisons politiciennes, et ce, dans le contexte de la crise politique actuelle ». D'après lui, c'était «irresponsable» et «non patriotique» de voir des personnalités politiques attaquer le président sur des chaînes étrangères, en prétextant le principe de « non-ingérence » dans les affaires étrangères. Il conclut : « La révolution tunisienne a libéré le peuple tunisien et lui a restitué sa souveraineté. La diplomatie tunisienne doit rester attachée à cette souveraineté et ne doit en aucun cas être sujette à des pressions ou des exigences étrangères. Nous devons certes faire tout notre possible pour promouvoir nos relations avec tous les pays frères et amis, mais nous ne pourrons plus accepter de monnayer nos positions de principe ou de basculer dans le jeu de positionnement de sous-traitance et d'alignement. Le président Marzouki a mis la diplomatie tunisienne sur une nouvelle orbite. Beaucoup de Tunisiens en sont fiers. » Une diplomatie à la Kadhafi ? En revanche, c'est sous un autre angle que Lazhar Akremi (Nida Tounès) voit les choses. Selon lui, le discours du président de la République provisoire n'a rien de surprenant. Il s'inscrit dans la même continuité de ses positions antérieures vis-à-vis de la crise syrienne et du dossier égyptien. « Mohamed Moncef Marzouki, avec de telles déclarations, est à l'image d'un médecin qui n'est pas responsable. Il ne faut pas être étonné quand on fait un flash-back de ses dernières sorties à l'étranger. D'ailleurs, ses positions ainsi que ses déclarations dans le volet diplomatique nous rappellent étrangement celles de Idi Amine Dada ou de Bokassa. Il a parfois un comportement à la Kadhafi, qui se comportait comme ça», déclare le responsable de Nida. Il ajoute : « Et je pense qu'avec de telles déclarations, il n'a jamais été pris au sérieux ». Conserver le principe de « neutralité » De son côté, Mohamed Hamdi, secrétaire général de l'Alliance démocratique, juge que la diplomatie tunisienne comporte plusieurs acquis, dont essentiellement le principe de «neutralité». Toutefois, il insiste sur l'impératif de préserver ces acquis tout en pensant à faire évoluer l'élan diplomatique tunisien car, selon lui, la diplomatie tunisienne, durant le règne de Ben Ali, dans certains aspects, était très critiquée. Pour ce qui est du discours prononcé par Moncef Marzouki à New York, M. Hamdi pense qu'« un président de la République ne doit pas se comporter comme s'il rédigeait un article d'opinion... Il doit préserver avant tout les intérêts extérieurs du pays». Enfin, le responsable de l'Alliance démocratique déplore «le rôle passif » que joue le ministère des Affaires étrangères qui, selon lui, est aux abonnés absents.