L'armée reprend aux rebelles une localité stratégique pour l'approvisionnement d'Alep Les experts en charge du démantèlement de l'arsenal chimique en Syrie ont commencé à sécuriser les sites de stockage, alors que l'ONU réclame un accès aux deux millions de civils ayant besoin d'aide dans ce pays dévasté par la guerre civile. Sur le front des combats, les affrontements se multiplient au sein de la rébellion entre jihadistes et insurgés, rendant encore plus complexe le conflit né il y a deux ans et demi d'une contestation qui s'est transformée en insurrection pour renverser le régime de Bachar. Au troisième jour de son séjour à Damas, la mission conjointe de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (Oiac) et de l'ONU a annoncé hier avoir commencé, dès mercredi et «avec les autorités syriennes», à «sécuriser les sites où elle va opérer». L'équipe, formée de 19 inspecteurs, «examine aussi les risques liés à la santé et à l'environnement auxquels elle pourrait être confrontée», ajoute le texte. La tâche de l'équipe internationale est considérable, les experts estimant que la Syrie possède plus de 1.000 tonnes d'armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz moutarde et du sarin, répartis sur environ 45 sites. Les experts, qui ont quitté hier leur hôtel à bord de trois véhicules de l'ONU pour une destination secrète, poursuivent également les préparatifs «pour démanteler bientôt les sites de production d'armes chimiques». Leur mission est aussi l'une des plus dangereuses car c'est la première fois qu'une opération de destruction d'armes chimiques se déroule dans un pays en pleine guerre, la Syrie s'enfonçant chaque jour un peu plus dans un conflit qui a fait plus de 115.000 morts depuis mars 2011. Ils sont chargés de faire appliquer une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, la première votée sur le conflit syrien grâce à un accord russo-américain prévoyant le désarmement chimique du pays d'ici mi-2014. Affrontements entre rebelles syriens et jihadistes Sur le terrain, les affrontements entre groupes de rebelles syriens et jihadistes étrangers s'intensifient, notamment dans le Nord, qui échappe en majorité au régime. Six puissantes brigades rebelles ont appelé les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EiiL), un groupe affilié à Al-Qaïda, à quitter «immédiatement» la localité d'Azaz frontalière de la Turquie, après des combats près de la ville. Les jihadistes, bien financés et armés, ont été au départ reçus à bras ouverts en raison du manque de moyens des rebelles pour lutter contre le régime de Damas. Mais progressivement, ils se sont aliénés une grande partie de la population locale en raison de leur interprétation extrême de l'Islam et de leurs arrestations arbitraires. Des jihadistes l'EiiL ont en outre détruit une statue du calife abbasside Haroun Al-Rachid, connu comme celui des Mille et une Nuits, estimant qu'il s'agissait d'une «idole», dans la ville de Raqa (Nord), a rapporté hier l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). Sur un autre front, l'armée syrienne a repris hier aux rebelles une localité stratégique pour l'approvisionnement d'Alep, la grande ville du Nord, après des semaines de combats qui ont fait des dizaines de morts, rapporte une ONG.