Les constituants dissidents posent leurs conditions avant de rejoindre l'hémicycle du Bardo La déclaration finale de la réunion, samedi et dimanche derniers, du conseil de la Choura d'Ennahdha risque de tout chambarder et de remettre en cause, en particulier, la signature par Rached Ghannouchi de la feuille de route du Quartet. Les huit conditions énumérées par les membres du conseil de la Choura constituent, selon la plupart des observateurs et des acteurs de la scène politique nationale, «une reproduction pure et simple de la position d'Ennahdha avant que Ghannouchi n'accepte la feuille de route du Quartet et n'y appose sa signature lors de la séance inaugurale du dialogue national». Comment l'ensemble des protagonistes du dialogue national, y compris les constituants dissidents, ont-ils réagi au contenu de la déclaration du conseil de la Choura ? La question s'impose d'autant plus que de nouvelles lectures de la feuille de route ont circulé ici et là à propos de la reprise par l'ANC de ses activités. En clair, les dissidents doivent-ils regagner l'hémicycle du Bardo parallèlement au démarrage effectif du dialogue national (prévu pour jeudi prochain) ou devront-ils attendre les participants au dialogue jusqu'à ce que les compromis tant attendus soient enfin arrêtés ? Des spéculations à n'en plus finir «Nous risquons d'entrer dans un long feuilleton d'interprétations des points contenus dans la feuille de route du Quartet. Et la porte des spéculations de s'ouvrir à grands battants, ce qui pourrait nous faire retourner à la case départ», relève Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique et membre du Front du salut national. «Pour nous, la déclaration du conseil de la Choura importe peu. L'essentiel, c'est la signature par Rached Ghannouchi de la feuille de route. Quant aux constituants légalistes qui campent toujours sur leur position de rejet des accords qui sanctionneront le dialogue national, je crains fort qu'ils bloquent tout au cas où leurs partis n'arriveraient pas à les assagir. Je reste, toutefois, persuadé que ces mêmes constituants finiront par appliquer les ordres de leurs partis», ajoute-t-il. Nous reviendrons à condition... Naceur Brahmi, constituant dissident, énumère les conditions à satisfaire pour que ses collègues qui se sont retirés acceptent de rejoindre le Palais du Bardo. «Nous ne reviendrons qu'une fois que le dialogue national aura abouti aux consensus que tout le monde attend. En premier lieu, la révision de la petite constitution dans le sens de l'annulation du système basé sur les principes de la majorité et de la minorité. L'ANC ne fonctionnera plus comme avant. Les accords devant naître du dialogue national ne seront, en aucun cas, laissés à la merci des députés légalistes qui pourront tout faire avorter» tient-t-il à préciser. Pour lever tout équivoque, Brahmi insiste : «Les consensus attendus seront réalisés en dehors de l'ANC qui aura à les avaliser tels quels. Les constituants dissidents se réunissent aujourd'hui (hier) au siège d'Al Massar en vue de prendre une position définitive. sur cette question». A la question de savoir comment il réagit à la déclaration du Conseil de la Choura d'Ennahdha, Naceur Brahmi réplique : «Je ne vois pas de division au sein d'Ennahdha comme beaucoup le pensent. C'est bien leur style de communication traditionnel dont le but n°1 est de gagner du temps. C'est aussi la preuve qu'ils sont irresponsables et incapables ou refusent de prendre conscience des dangers qui menacent le pays». Un discours pour la consommation interne «C'est une déclaration destinée exclusivement aux structures internes d'Ennahdha. Elle ne concerne le Quartet ni de près ni de loin». Bouali M'barki, membre du bureau exécutif de l'Ugtt n'y est pas allé par quatre chemins pour dire que l'essentiel reste la signature de Ghannouchi qui s'est même rétracté pour corriger la réserve qu'il a inscrite sur la feuille de route. Le président d'Ennahdha avait, en effet, écrit noir sur blanc : «Nous acceptons l'initiative du Quartet en tant que base du Dialogue national», puis il a barré le terme base. M'barki a rappelé, d'autre part, que «la porte est toujours ouverte aux partis qui n'ont pas encore signé la feuille de route».