Deux députés retirés de l'ANC, Nacer Brahmi, indépendant, et Abdelaziz Kotti, de Nida Tounès, réagissent à la déclaration commune des 113 députés consacrant leur attachement à la légitimité électorale. Ils réagissent, également, à la rencontre que 88 députés ont eue, hier, avec le chef du gouvernement provisoire, Ali Laârayedh. Un des cinq points de la déclaration commune spécifie que ces députés «légitimistes» ne quitteront l'ANC qu'après l'élection d'un nouveau parlement. Réactions. Nacer Brahmi, député indépendant, retiré de l'ANC : « Une logique implacable de fuite en avant menant à une crise généralisée » Je m'inscris complètement contre les positions des députés prétendus «légitimistes» et je les considère comme irresponsables parce qu'ils manquent de maturité politique. L'actuelle ANC qui continue à siéger n'est plus représentative du peuple tunisien. Elle ne représente, en fait, que la Troïka et particulièrement Ennahdha qui comporte des suppôts qui ne sont autres que des partis satellites de l'argent sale, sur lesquels pèsent des soupçons d'achat de députés mis à la disposition d'Ennahdha, qui ferme les yeux sur la corruption et le blanchiment d'argent des dirigeants de ces partis. Lesquels sont nouveaux, n'ont pas de programmes et sont inconnus du peuple. Leur rôle consiste, seulement, à soutenir le gouvernement même s'il s'appuie sur cette prétendue légitimité électorale, limitée à un délai bien déterminé, et qui a expiré il y a une année, soit le 23 octobre 2012. L'ANC a dépassé la période accordée, d'un commun accord, pour achever ses travaux en vue de nouvelles élections. Aujourd'hui, après deux ans, ces députés «légitimistes» continuent à alléguer de la légitimité électorale. Au contraire, je considère que ce sont eux les spoliateurs de la légitimité et les putschistes, contrairement aux députés de l'opposition qu'ils accusent. Les gens d'Ennahdha n'œuvrent pas pour le consensus. Cela, rien qu'à voir comment ils procèdent, jouent sur les mots, tergiversent à travers des discours contradictoires. Le président d'Ennahdha signe la feuille de route, mais le conseil de la Choura adopte une position opposée. Franchement, ils se moquent des Tunisiens et ne mesurent pas l'importance de leur responsabilité historique. Les 113 députés qui ont signé cette pétition consacrant la soi-disant légitimité électorale, et j'en tiens le peuple pour témoin, ont-ils un minimum de responsabilité politique ? Sont-ils capables de terminer la Constitution ? Ils pourraient, peut-être, d'un point de vue purement légal voter les clauses de la Constitution et l'adopter. Mais aux plans moral et politique, peuvent-ils le faire unilatéralement en l'absence d'une grande partie des représentants du peuple ? S'ils ont rencontré le chef du gouvernement pour soutenir la légitimité électorale, c'est qu'ils sont dans une logique implacable de fuite en avant qui ne règle rien. Par leur position, il complique davantage les choses. Car nous allons directement non pas à l'incertitude mais à une crise généralisée d'autant que le pays ne cesse d'enregistrer chaque jour des régressions dans tous les domaines, notamment économique. Les partenaires économiques de la Tunisie sont préoccupés par la situation catastrophique du pays. Lors des entrevues avec Rached Ghannouchi, nos partenaires européens et américains lui ont fait part de leur grande inquiétude. Tous sont inquiets pour la Tunisie. Personne parmi nos partenaires n'est prêt à investir et à s'investir, tant la situation actuelle est vouée à une grande inconnue. Le bouquet, c'est le règne de la culture du terrorisme et de la terreur. Les réseaux du terrorisme sont en train d'être décelés, épiés, ils sont de plus en plus connus. Le peuple mesure chaque jour l'ampleur du danger alors que ceux qui détiennent les rênes du pouvoir sont tout à fait «out» et carrément à côté de la plaque. Abdelaziz El Kotti, député de Nida Tounès, retiré de l'ANC : « Si ces manœuvres se poursuivent, ce sera l'échec du Dialogue national » Toutes ces actions de louvoiement et de tergiversation des députés, accros soi-disant à la légitimité électorale, traduisent un déni du Dialogue national. Les faux-fuyants d'Ennahdha et de ses partis satellites visent à faire capoter le Dialogue national. D'ailleurs, le communiqué des 113 députés signataires de la déclaration commune se situe dans la même lignée que le communiqué du Conseil de la choura ainsi que du discours du chef du gouvernement qui a inauguré le Dialogue national. Puisque Ali Laârayedh a clairement laissé entendre qu'il ne comptait pas démissionner et que son gouvernement poursuivra sa tâche. Toutefois, le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, ayant signé l'initiative et la feuille de route, nous considérons que le dialogue est possible. Notre objectif étant d'éviter le chaos et d'arriver à une sortie de crise. Toutefois, sachez que le mouvement Ennahdha a déjà trahi l'engagement qu'il a signé et qui fixe le délai des travaux de l'Assemblée nationale constituante à une année. Maintenant, ce mouvement récidive en apportant par toutes ces valses-hésitations la preuve qu'il ne respecte pas ses engagements, même concernant le Dialogue national. D'autre part, les dissensions entre Rached Ghannouchi et une bonne partie de son mouvement sont claires. Sans compter que les partis satellites d'Ennahdha qui se sont joints au Dialogue national la veille de son démarrage, tout en refusant en prime de signer la feuille de route, relèvent de la distribution des rôles. Puisque maintenant Ennahdha tient à leur participation au Dialogue national. Ce qui n'est qu'une manœuvre de plus qui vise à jouer avec les nerfs du peuple tunisien, ce qui démontre enfin que les gens d'Ennahdha sont arrimés au pouvoir. En conclusion, je dirais que ce mouvement doit sérieusement s'engager dans le Dialogue national et respecter sa feuille de route. Cela dans l'intérêt de la Tunisie. Car chaque jour qui passe, tous les secteurs, économique, social, environnemental et autres, se détériorent davantage. Enfin, l'absence d'un engagement clair et net de la part d'Ennahdha signera l'échec et la fin du Dialogue national.