En cette phase cruciale de l'Histoire de la Tunisie, l'acceptation de la feuille de route par presque toutes les parties est un acquis déterminant. Mais le plus dur commence. Et ce sera long. Car il est clair aujourd'hui, qu'Ennahdha vit des magmas internes et que le front du refus y est tenace. Rached Ghannouchi, leader de ce mouvement, était bien venu, samedi dernier, à bout de la résistance de ses suppôts nahdhaouis ceux là mêmes (nombreux) qui conditionnement le départ du gouvernement à la fin des travaux de l'ANC. Il s'agit, encore une fois, de manœuvres dilatoires de la part de ceux qui veulent gagner du temps au détriment des équilibres sociaux, au détriment des exigences économiques et au détriment des impératifs sécuritaires. Il est clair que les manœuvres partisanes, aussi bien de la part des adeptes du Parti au pouvoir que de l'opposition elle-même, ne sauraient être occultées et qu'elles conditionnent fortement les processus du dialogue national. A cet effet, il y a simplement à espérer que l'aile dure d'Ennahdha celle qui a concocté le communiqué de samedi dernier, ne prendra pas le dessus sur ceux, raisonnables et pragmatiques ( au sein même d'Ennahdha) qui jugent que le mouvement à tout à gagner de l'adhésion au dialogue national, dans les limites décrites dans la feuille de route. Donc pas de conditions, pas de préalables, pas de « oui, mais… » C'est dans ce sens que la signature de Rached Ghannouchi engage pleinement son mouvement et ne saurait être remise en question par le revirement d'un conseil de la Choura d'autant moins enclin au dialogue, à l'intérêt suprême du pays qu'il s'agrippe à une évanescente « légitimité électorale » et se délecte dans sa mainmise sur les affaires de l'exécutif. Nous avions écrit, ici même, il y a quelques semaines, que Rached Ghannouchi était destiné à devenir un homme seul, lâché par ses compagnons d'armes ( les congélateurs idéologiques) et contesté par les forces montantes du Mouvement. En filigrane cela se vérifie aujourd'hui, surtout que le leader d'Ennahdha avait osé joindre Béji Caïd Essebsi à Paris et qu'il s'était fendu en appels amicaux à la télévision. Cela, les purs et les durs ne le tolèrent pas et ne le tolèreront jamais. Quelles chances ont-ils néanmoins de faire capoter le dialogue national ? Aucune ! Parce qu'ils savent que le peuple n'est plus disposé à ingurgiter une couleuvre de plus.