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Le bunker d'«Ammar 404» sur la voie des réformes
Moez Chakchouk, PDG de l'Agence Tunisienne d'Internet
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 10 - 2013

Malgré des difficultés financières et des différends avec les FSI privés, transparence et ouverture sont les mots d'ordre
Aux dernières nouvelles, plusieurs médias ont parlé de l'existence d'un différend entre l'ATI et l'un des FSI* concernant la détermination du coup de la capacité Internet à louer. Pouvez-vous nous donner plus de précisions sur ce différend ?
Je m'explique : en Tunisie, il y a deux routes, disons deux portails internet qui permettent le transit IP international. Il y a Tunisie Télécom (c'est la pionnière) et Orange qui s'est dotée de son propre portail. Pour ce qui de l'ATI, nous demeurons toujours un point de passage obligatoire. Et du coup, le trafic international d'Internet est obligé de passer par l'ATI qui offre un service de transport soit pour le portail de Tunisie Télécom soit pour celui d'Orange. Le petit différend avec Orange, c'est que ces derniers contestent ce passage obligatoire et la manière de le faire. Lequel différend vient s'ajouter au cumul des factures impayées depuis 2012. Certes, plusieurs FSI ont fini par régler, au cours de cette semaine, leurs factures, alors que deux autres fournisseurs n'ont pas encore honoré leurs engagements. De ce fait, nous étions contraints de porter ce litige devant la justice pour freiner l'effet domino de ces impayés. Les procédures judiciaires sont en cours. D'ailleurs, mercredi dernier, nous avons eu une réunion de conciliation avec Orange avec la médiation de l'Instance nationale de télécommunications (INT). Un premier pas positif a été enregistré à cet effet.
Certaines voix évoquent une éventuelle coupure d'Internet de la part de l'ATI si ce différend n'est pas résolu. Alors quelle est la position officielle de votre agence sur ce sujet ?
Il ne s'agit pas de coupure. On ne peut pas se permettre de couper Internet. Même si Tunisie Télécom ou bien Orange ne payent pas leurs factures, ils seront privés systématiquement du droit de transit IP. Aujourd'hui, on n'est pas à ce stade-là. L'ATI n'est plus dans une position de monopole. Actuellement, le transit IP de ces deux opérateurs s'effectue sur notre point de passage à crédit. Ainsi soit Orange va finir par payer nos services selon des tarifs déjà en vigueur et que Tunisie Télécom n'a jamais contestés, soit nous serons contraints de ne plus router le transit IP international de l'opérateur Orange qui conteste les tarifs de ses services. De ce fait, il est fort possible que son trafic soit re-routé vers le portail de son concurrent. Ce sujet traîne depuis dix mois et il est temps de trancher.
Quelle est actuellement la situation financière de l'ATI ?
Il est vrai que l'Agence tunisienne d'Internet connaît quelques difficultés financières et passe par une période assez difficile. Une telle situation est évidente, surtout dans une période de transition, mais sa santé financière n'est pas alarmante, contrairement à ce qui a été relayé par certains médias et qui vont jusqu'à prévoir sa faillite. L'ATI n'est pas à ce stade-là. L'ATI était leader dans la réforme d'Internet. C'est l'Agence qui a voulu changer ce modèle Internet. Aujourd'hui, le modèle économique Internet n'est pas propice, ni pour l'ATI, ni pour le consommateur. Dans le changement du modèle, ce sont les petites entreprises qui vont être affectées. Mais quand on parle d'opérateurs comme Tunisie Télécom, Orange et Tunisiana, ainsi que des FSI comme Topnet et Tunet, il s'agit de grandes entreprises. L'ATI, qui avait un positionnement privilégié et subventionnée par l'Etat, accaparait 30% de la bande passante. Depuis 2011, on savait déjà qu'avec le changement de notre modèle, il y aurait un impact direct sur les finances de l'agence. C'est pour cela que notre objectif aujourd'hui est de créer de nouveaux produits, diversifier nos services et régulariser surtout le statut de l'ATI. Il faut l'avouer, l'ATI est un fournisseur d'Internet comme tout autre FSI. L'époque du super fournisseur national est révolue. C'est fini, on n'a plus ce rôle-là. Ce qu'on veut, c'est avoir le statut d'un fournisseur d'Internet et développer de nouvelles offres avec un service adéquat. Et au consommateur de choisir le service qui, lui, semblera meilleur. Pour le moment, les FSI ne sont pas nos concurrents, mais bientôt ils le seront.
Ces derniers temps, différents utilisateurs d'Internet se sont plaints de plusieurs coupures d'Internet et de la qualité de connexion qui laisse à désirer. Quelle sont les responsabilités de l'ATI dans ces coupures ?
Pour ce qui est de la qualité de la connexion, nous ne sommes pas les seuls responsables. Certes, nous assumons certaines pannes qui sont dues à l'ATI. Par exemple, il y a eu des pannes sur des sites web gouvernementaux et de ministères causées par des attaques de hackers. Ce qu'on appelle des attaques « DDOS » ou « DOS »* où le hacker bombarde le serveur de l'ATI jusqu'à que ce dernier fasse un « crash ». Il est vrai que le contexte politique que connaît notre pays encourage de telles attaques. L'ATI n'est pas ici pour attaquer ces pirates du web devant la justice, nous voulons seulement les éduquer. D'autre part, il y a des coupures liées à notre plateforme DNS*. Ainsi si la plateforme DNS de l'ATI est attaquée et fait un crash, le pays n'échappera pas à une coupure générale d'Internet. Ça sera un blackout sur les sites DNS tunisiens. C'est-à-dire que les sites qui portent le nom de domaine « .tn » seront tous inaccessibles. Par exemple « lapresse.tn » ne sera plus accessible, que ce soit de la Tunisie ou bien de l'étranger. Pour faire face à une telle panne, nous avons, en premier lieu, reformé notre plateforme DNS de Tunis. Nous sommes également en train de placer des serveurs DNS un peu partout dans le monde (Afrique du Sud, France, etc.), idem sur le territoire tunisien, comme c'est le cas avec les serveurs DNS dans le site « Meninx Data Center » à Enfidha. C'est ce qu'on appelle créer « des copies miroirs ». Au mois d'août dernier, nous avons connu quelques problèmes liés à nos serveurs DNS. Le troisième type de coupures est lié à l'infrastructure. Tout le monde dépend de Tunisie Télécom, donc si le réseau de ce dernier est affecté par des pannes, tous les abonnés d'Internet seront touchés. D'où notre volonté de devenir un FSI pour des sociétés afin d'assumer pleinement la responsabilité de la qualité. Et nous envisageons de mettre dans nos contrats des niveaux d'engagement de qualité de services et au consommateur des outils de mesure de qualité du service. D'ailleurs, nous avons mis à la disposition des internautes ce qu'on appelle des « MLAB » (measurementlab.net) pour mesurer la qualité des services avec des rapports ouverts à tous. « MLAB » est le premier serveur de ce genre dans le monde arabe. Il a été mis en place en Tunisie par l'ATI en avril dernier.
Concernant les droits d'auteur sur Internet, quelle est la position de l'ATI ?
Pour ce qui est des droits d'auteur sur Internet, ça ne s'inscrit pas dans nos priorités. Tout simplement parce qu'on n'est pas dans la même position que les Américains et les Européens dans ce volet. Nous sommes encore un pays consommateur. Nous avons encore du chemin à faire pour arriver au stade des droits d'auteur. Aujourd'hui, notre challenge est d'améliorer notre infrastructure et la qualité des services et avoir un seul vis-à-vis par rapport à Internet. Aujourd'hui, le consommateur signe un contrat avec Tunisie Télécom, ensuite il signe un autre avec le FSI, sans parler de l'équipement à installer. Alors qu'à l'étranger ça se passe différemment. Le client a un seul contrat. Le fournisseur se charge de tout et même du service après-vente ainsi que de l'évolution de la qualité du service. A l'étranger, il existe une multitude de passerelles vers l'international alors qu'en Tunisie nous sommes toujours à deux portails, sans parler du point d'échange « TunIXP » qui vient d'être installé. Espérons que chaque FSI aura son propre Gateway. Car quand je maîtrise le transit international, je peux améliorer la qualité du service et obtenir des contrats de peering (d'échange international).
L'ATI traîne derrière elle un lourd passé de censure, ce qui lui a valu le sobriquet d' « Ammar 404 ». Qu'a-t-elle fait pour redorer son image et rompre définitivement avec de telles pratiques ?
On ne pourra jamais effacer de la mémoire collective ce qui a été fait entre les murs de l'ATI. Ce qui s'est passé fait partie de l'histoire de l'Agence. Nous étions clairs et ouverts sur ce sujet depuis le 14 janvier et nous avons fait plusieurs interventions. Nous avons aussi beaucoup discuté avec les blogueurs et les cyberdissidents. Parallèlement, les fonctionnaires et la direction ont quitté l'ancien siège, ce bâtiment qui symbolisait la censure. En même temps, le sous-sol, là où se passait la censure, a été ouvert à la société civile et nous y avons installé le « Open Innovation Labs » qui a été baptisé «404 Labs » (un laboratoire d'innovation ouvert à tout le monde). Ainsi dans cette même cave, des blogueurs, des étudiants et même des hackers peuvent travailler comme s'ils étaient des stagiaires à l'ATI. Ce laboratoire est ouvert 24h sur 24. Entre-temps, nous avons même exposé le matériel avec lequel se faisait la censure. D'ailleurs, certains visiteurs ont pu les manipuler et voir comment se déroulait la censure des sites entre 2004 et 2007. Cette action s'inscrit dans notre démarche de transformation de l'ATI et de son ouverture. La transparence est tout un processus. Ainsi, l'ouverture de l'ancien siège de l'ATI que certains appelaient «la villa de Ben Ali» est un acte très symbolique. D'autre part, aujourd'hui, l'ATI travaille avec plusieurs hackers que je salue. Car ils étaient très coopératifs et positifs. Ces mêmes hackers qui nous attaquaient avant, nous aident aujourd'hui à éviter de grandes failles de sécurité. Même des membres du Hacker Space qui prend siège chez Nawaat visitent notre « 404 Labs », sans parler des hackers anonymes qui collaborent avec nous. Ces derniers nous envoient des messages pour nous avertir de la vulnérabilité des sites hébergés dans l'un de nos serveurs. C'est énorme et en même temps symbolique. Ce n'est pas facile pour des individus qui haïssaient l'ATI de les convaincre de collaborer avec l'Agence et de travailler avec elle. J'ajoute que la Tunisie a organisé ces derniers temps un forum sur la liberté d'expression sur Internet. Ce qui est important dans ce forum, c'est que l'organisation a été faite par notre agence en collaboration avec des blogueurs et la société civile.
Que doit-on faire pour développer Internet sous nos cieux à part l'amélioration de l'infrastructure ?
Il faut être conforme aux bonnes pratiques internationales et cela passera par une révision totale de nos textes de loi. Il faut adapter nos lois vis-à-vis d'Internet aux bonnes pratiques internationales. Car Internet ne peut accepter des lois faites par un législateur qui ne connaît rien de l'univers Internet. En Tunisie, l'Internet a été ignoré du point de vue réglementation. Nos textes de loi sont très rigides et caducs. Et ils ont été tous promulgués en intégralité sous le règne de Ben Ali. A cette époque, la publication d'un contenu contre Ben Ali était passible d'une peine de prison. Et aujourd'hui, ces mêmes textes peuvent envoyer un internaute derrière les barreaux bien qu'on parle de liberté d'expression. Il faut impérativement assouplir ces textes, car Internet est un système ouvert et qui a la capacité de s'autoréguler.
DOS ou DDOS : attaque par déni de service, cette action a pour but de rendre indisponible un service ou d'empêcher les utilisateurs légitimes d'un service de l'utiliser
FSI : Fournisseur de Services Internet
Plateforme DNS : quand un utilisateur souhaite accéder à un site « A », son ordinateur émet une requête spéciale à un serveur DNS, demandant: Quelle est l'adresse de « A ». Le serveur répond en retournant l'adresse IP du serveur.


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