Report de l'annulation des vols internationaux vers et à partir de l'aéroport Tozeur-Nefta initialement prévue pour le 1er novembre prochain. Tunisair accepte d'approfondir la réflexion tout en proposant l'option du «hub» aérien La rumeur, confirmée quelques mois plus tard, a choqué les hôteliers et effrayé la population du Jérid qui est sortie dans la rue exprimer sa colère. Tunisair étudie, en effet, l'option d'annuler tous les vols internationaux vers et à partir de l'aéroport Tozeur-Nefta. Le motif est financier : un déficit de 3MD en 2012 sur la destination du Jérid. Crise internationale oblige, problème sécuritaire interne également. «Après consultations auprès de nos représentations à l'étranger, nous avons constaté qu'il y a très peu de demandes de l'étranger pour cette destination, or dans le cadre du plan de restructuration de Tunisair et de renouvellement de sa flotte, il est convenu de revoir toutes les lignes aériennes déficitaires et dans le cas d'espèce, il faut ajouter Sfax et Tabarka», explique Khaled Chelli, DGA commercial, lors d'une conférence-débat organisée, vendredi dernier, par l'Association des amis du Jérid. Les chiffres sont édifiants. Pas plus de 25 mille passagers en 2013 contre 50 mille en 2012, 80 mille en 2006 et une capacité déclarée de 400 mille passagers par an. «L'aéroport est essentiellement fréquenté par les charters de Tunisair et de sa filiale, Tunisair Express ; nous ne changerons rien à cela, au contraire, nous comptons accroître les fréquences de Tunisair sur cette destination, notamment via l'option du «hub» aérien, explique encore M. Chelli. Dans ce cas là, c'est l'aéroport Tunis-Carthage qui devient le point de chute de tous les vols internationaux et qui dessert les autres aéroports à l'intérieur des régions. «Ceci nous permet de rassembler à Tunis la clientèle venant de divers pays puis de l'acheminer vers le Sud via des vols internes». Et M. Habib Ammar, DG de l'Ontt, de conforter cette analyse en affirmant : «Nous avons échoué à faire du Jérid une destination, on en a fait une excursion et aujourd'hui, j'ai beaucoup de difficultés à m'y rendre pour une réunion». Pour les adeptes du «hub» aérien, cette option permettra d'instaurer de manière régulière au moins un rendez-vous (Tunis-Tozeur aller-retour) par jour. La perte de l'aéroport entraînera toute la région Pour les membres de l'Association des amis du Jérid, un concentré d'experts, anciens et nouveaux, en matière de tourisme et de transport aérien, l'affaire n'est pas si simple. Et l'heure est grave. «Le Jérid est quasiment coupé du monde, la région est sinistrée, elle ne mérite pas ça», lâche Hassan Zargouni, président de l'association, qui n'est pas peu fier d'annoncer une récolte record de dattes affichant cette année une augmentation de 40%. «Un paradoxe », fait-il remarquer à l'assistance des experts, anciens et nouveaux, du tourisme et du transport aérien, enfants du Jérid et des gouvernorats voisins très concernés par le devenir de l'aéroport Tozeur-Nefta. «La perte de l'aéroport entraînera celle de toute la région déjà en pleine crise ; que restera-t-il du tourisme qui tourne à 10% de ses capacités et des autres secteurs agonisants comme l'artisanat et l'agriculture?», questionne-t-il. En effet, le tourisme saharien s'est effondré depuis 2011. Il ne reste plus que mille lits, 75 MD de chiffre d'affaires perdus et 50% des emplois, sans oublier les incidences sur l'artisanat et autres secteurs dépendants du tourisme. «Malgré les erreurs, le Jérid est devenu un carrefour après avoir été une impasse ; avec l'aéroport, il est devenu un pôle récepteur », précise Ahmed Smaoui, un vieux routier du tourisme et du transport aérien. Cela ne va plus être le cas et les Jéridiens craignent «un enclavement du sud-ouest, une fuite des investissements étrangers et une plus grande marginalisation des populations des gouvernorats du Sud». Raison pour laquelle les enfants du Jérid se sont mobilisés. Pour Abderrazak Cheraïet, il s'agit là d'un problème de responsabilité, de vision stratégique. «Un responsable ne doit pas raisonner sur le court terme, il doit avoir une vision stratégique pour toute la région». Raouf Chérif, un chirurgien estime que l'Etat doit supporter les frais pour quelques temps afin de sauver la région, son aéroport et ses habitants. Et à Tunisair de revoir ses tarifs sur le Jérid pour les étrangers et les Tunisiens. «Un billet Paris-Tozeur- Paris à 700 euros est inadmissible, comment voulez-vous que les visiteurs viennent chez nous», fait remarquer, à son tour, le patron de Tamaghza Palace. Le débat sur l'aéroport Tozeur-Nefta n'est pas clos. Une commission ad-hoc a été créée au sein de l'Association des amis du Jérid pour suivre de près le dossier en attendant des solutions plus visionnaires et stratégiques. « Pour le moment, «on y va pour le hub».