«Les deux agents morts se sont déplacés sous l'ordre de leurs supérieurs. Les risques étaient envisageables» Dans un communiqué publié samedi, et dont les mots sont d'une fermeté rare, le Syndicat national des forces de sécurité Intérieure (Snfsi) demande que soit validé le projet de loi relatif à l'indemnisation sur les accidents du travail ainsi que sur la criminalisation de toute agression à l'encontre des forces de l'ordre. Le Syndicat donne au gouvernement 10 jours pour passer à l'acte. «Ce n'est pas véritablement un ultimatum, nous sommes toujours en faveur du dialogue. Au bout des dix jours, nous n'envisageons pas forcément une grève. L'assemblée générale des structures syndicales qui va se réunir dans quelques jours prendra les dispositions qu'elle jugera adéquates», tempère Chokri Hamada, porte-parole du Syndicat. Le communiqué en question, qui a pour principal fond l'affaire du chahutage des trois présidents à El Aouina, lors des funérailles officielles des agents de la Garde nationale tués par des terroristes à Goubellat, traduit plutôt un sentiment d'abandon de la police dans sa mission de lutte contre le terrorisme, selon le porte-parole. «Une loi protégeant la police est le minimum qu'on puisse faire dans les circonstances actuelles», ajoute-t-il. «Les forces de l'ordre sont d'abord des êtres humains, et ce qui s'est passé à El Aouina ne peut être interprété comme une agression contre les symboles de l'Etat. Nous étions là pour accompagner nos collègues dans leur dernière demeure et non pas pour accueillir des politiciens, fûssent-ils des présidents. Ces symboles de l'Etat ont failli à leur devoir ce jour-là, et c'est pour cacher leur défaillance qu'ils s'en prennent aux agents protestataires», fait valoir Chokri Hamada. D'un autre côté, le Syndicat accuse le gouvernement de laxisme en matière de lutte antiterroriste. Il pointe du doigt notamment les déclarations de certains hauts responsables qui, selon lui, mettent en doute les versions policières sur la réalité du danger terroriste ou les minimisent. «Pour faire face au péril terroriste, il faudrait que l'institution sécuritaire modernise ses politiques. Il faudrait que l'Etat dote la police de plus de soutien logistique et, enfin, il est indispensable d'élever le niveau des salaires des agents de police. Alors que nous sommes face à un danger sans précédent, les policiers continuent d'être privés de primes de risque. Quant à la prime relative à la lutte contre le terrorisme, ils ne la voient presque jamais», déplore le porte-parole du Snfsi. Aurait-on pu éviter certaines pertes humaines dans les rangs de la police à l'instar de la mort à Goubellat de Mohamed Ferchichi et Karim El Hamdi ? Chokri Hamada préfère s'en remettre à Dieu. Il estime que nul ne peut fuir son destin. «Le bon Dieu a voulu qu'il en soit ainsi : deux martyrs pour éviter la mort de centaines de civils innocents», déclare-t-il. «Les deux agents morts se sont déplacés au domicile des suspects sous l'ordre de leurs supérieurs. Les risques étaient envisageables. Avec plus de moyens, peut-être que les choses auraient pu se passer autrement», se rattrape-t-il.