Les dessertes de la zone d'Ezzahrouni qui assurent le rabattement des villes de La Marsa et de l'Ariana à l'arrêt Près de 50% des chauffeurs de bus ont décidé d'observer une grève, hier, répondant à l'appel de la Fédération générale du transport ainsi qu'à celui de l'Union des travailleurs tunisiens pour faire pression sur l'administration et le ministère du Transport. Mécontent que ses revendications soient restées sans réponse depuis l'année dernière, se heurtant à l'indifférence du ministère, le personnel a décidé de monter d'un cran après avoir averti, il y a plus de deux semaines, l'administration générale en envoyant un préavis de grève. Mais le ministère n'a pas réagi, restant de marbre. Le blocage observé entre les deux parties depuis plusieurs mois a finalement poussé le personnel, constitué de chauffeurs, de techniciens et d'agents à décider de la date de la grève, fixée aux 6, 7 et 8 novembre. Dans les parcs d'El Charguia, les bus qui desservent la zone d'Ezzahrouni et qui assurent le rabattement des villes de la Marsa et de l'Ariana sont en arrêt depuis minuit. Dans la grande cour, des chauffeurs courroucés discutent des moyens d'infléchir la position imperturbable du ministère. « Nous n'avons pas décidé de faire la grève du jour au lendemain, relève Issam Zakraoui, secrétaire général de l'Union des travailleurs tunisiens. Depuis l'année dernière, nous attendons que le ministère accepte de négocier et donne une réponse favorable à nos revendications. Mais il n'y a eu aucune suite. Nous avons envoyé plusieurs missives à notre administration générale ainsi qu'au ministère du Transport. Toujours rien qui puisse nous donner des raisons d'espérer. Nous avons fini par envoyer un préavis de grève. Aujourd'hui, nous avons décidé d'un commun accord avec l'UTT que seulement 50% du personnel fasse grève, afin de ne pas perturber la dynamique économique dans la capitale et de permettre à nos usagers de se rendre sur leur lieu de travail ». La prime de risque, un droit légitime Un des chauffeurs en grève nous tend le préavis de grève sur lequel figurent les revendications du personnel qui réclament, entre autres, l'octroi d'une prime de risque pour les agents actifs et les techniciens, l'ouverture d'un concours pour la promotion des agents d'exécution conformément à la convention cadre de 2012/ 2013, la gratuité du transport dans les bus de la SNTRI, l'élévation du plafond de remboursement des frais de soins, l'augmentation de la valeur des tickets restaurant et la révision du passage de grade pour le personnel actif. « Nous sommes vraiment lésés, relève un autre chauffeur de bus en grève. Un des points de discorde avec l'administration concerne l'actuel passage de grade qui ne nous avantage pas du tout. Il faut de très nombreuses années pour passer du grade de chauffeur et caissier au grade de contrôleur. Après plusieurs années de service, on risque de sortir à la retraite avec le simple grade de chauffeur, cela n'arrange aucun d'entre nous ». Mohamed Ali, jeune chauffeur d'une trentaine d'années, opine de la tête. Il a été tabassé par des voyous montés à bord du bus qu'il conduisait et montre un bras fracturé et enveloppé de bandages. « Nous réclamons une prime de risque car, depuis la révolution, nous sommes exposés à toute forme de violence. En colère, des usagers s'en prennent à nous et nous agressent violemment. Mon collègue a été victime d'une agression sauvage. Il y a à peine deux jours, un groupe de jeunes sont montés à bord du bus que je conduisais et m'ont tabassé violemment. Je m'en suis sorti avec une fracture au bras. Réclamer une prime de risque n'est pas une revendication. C'est un droit légitime aujourd'hui». Hier, les chauffeurs de bus étaient vraiment catégoriques: si l'administration générale et le ministère continuent à camper sur leur position, d'autres chauffeurs se joindront au mouvement de grève qui n'a concerné jusqu'ici que 50% de l'ensemble du personnel, ce qui se répercutera négativement sur les diverses activités économiques dans la capitale. Nous avons tenté de joindre, hier, le ministère du Transport mais nous n'avons pas reçu de réponse.