Un jeune déchire son passeport Avec un peu moins de souplesse que les mois précédents, les forces de l'ordre exerçant au poste frontalier de Ras Jédir sont revenues à la charge dans l'application stricte de la circulaire qui leur a été adressée du ministère de l'Intérieur, concernant l'exode de jeunes de moins de 35 ans vers le territoire voisin, exception faite pour ceux qui disposent d'un contrat de travail en bonne et due forme ou une autorisation paternelle. C'est ce qui a créé un encombrement au point de passage. Le nombre de jeunes empêchés de franchir la frontière atteint la centaine, parfois. Les altercations sont fréquentes. Les uns sont soupçonnés et transférés au district de Médenine. D'autres rebroussent chemin ou ne quittent pas les lieux. «Je suis marié. J'ai trois enfants. On me demande une autorisation paternelle pour me laisser passer! Ça fait vraiment rire», s'étonne A. Kh. «On n'est pas citoyens tunisiens ou quoi ? Nous avons des passeports valables et nous avons le droit de franchir la frontière vers n'importe quel pays qui n'exige pas de visa», ajoute-t-il. «Si les agents de l'ordre ont des doutes envers quelqu'un, ils peuvent le retenir en garde à vue pour s'assurer sur sa situation, mais interdire le passage à tout le monde de cette manière, c'est incommode», enchaîne Lotfi, originaire de Gabès. Dans ce même contexte, une source digne de fois nous a confié qu'un jeune originaire de la région du Sud-Ouest s'est énervé hier matin et a déchiré son passeport devant les forces de sécurité, criant : «Qu'est-ce que je vais en faire ?». Il a été arrêté et transféré à Médenine.