L'AMT décide d'une grève générale pour les 19 et 20 novembre Lors d'une marche de protestation qui a parcouru la distance séparant le Palais de justice de la place de La Kasbah, les juges ont condamné ce qu'ils ont qualifié d'«ingérence du pouvoir exécutif dans les affaires de l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire». Le coupable est tout désigné, il s'agit du ministre de la Justice, Nadhir Ben Ammou, qui « est à la solde d'un gouvernement cherchant à ressusciter les pratiques, mais surtout les mécanismes dictatoriaux de Ben Ali », comme l'exprime Kalthoum Kannou, présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT). «Ce ministre ne croit pas en l'indépendance de la justice. Et de toute manière, on voit dans les récentes nominations et prolongations la touche de l'ancien ministre de la justice, Noureddine B'hiri», poursuit la magistrate. Venu soutenir le mouvement des Juges, Ahmed Rahmouni, le président de l'Observatoire tunisien pour l'indépendance de la justice, a exhorté « les juges, la société civile et toutes les forces vives du pays à défende les prérogatives de l'Instance de l'ordre judiciaire et ses attributs, afin de garantir l'indépendance de la justice». L'AMT a publié un communiqué dans lequel elle appelle, suite à la réunion de son conseil national, à une grève générale des magistrats les 19 et 20 novembre. Elle exhorte, de même, le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, à «faire marche arrière sur les décrets de nomination et prolongation pour certains magistrats, lesquels décrets se basent sur des lois caduques, qui appartiennent au mauvais legs de la dictature ». Le même communiqué appelle les magistrats concernés par les nominations à se «conformer à toutes les décisions de l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire». Le conseil national L'Association a également mis en garde contre toute velléité de sanctions à l'encontre des juges ayant participé à des mouvements de grève. « Nous avons eu des informations selon lesquelles le ministère aurait contacté les présidents des tribunaux et les procureurs, afin de leur demander les listes des participants aux mouvements. Aussi appelons-nous tous les présidents des tribunaux et tous les procureurs à ne pas s'inscrire dans une telle démarche», déclare la présidente de l'AMT, qui appelle par ailleurs l'Instance provisoire de l'ordre judiciaire à «reprendre ses travaux et à user de l'ensemble de ses prérogatives». Pour rappel, les magistrats avaient participé, le 7 novembre, à un mouvement de protestation contre les récentes nominations dans le corps de la magistrature et ont observé un débrayage de deux heures dans tous les tribunaux du pays. L'AMT condamne par ailleurs les déclarations de Nadhir Ben Ammou dans les médias, jugeant ses propos « agressifs et aux antipodes des règles de base de la courtoisie envers le corps de la magistrature ».