Aussitôt choisi officiellement candidat du FLN pour l'élection présidentielle, Bouteflika reprend le dossier de la Tunisie en main, avec la bénédiction de Caïd Essebsi et Ghannouchi En prenant fin hier soir, l'ultimatum fixé par le Quartet en vue de la reprise du Dialogue national déboucherait sur d'autres formes de sortie de crise qui ne passeraient pas forcément par le Dialogue. Outre les mobilisations des partis qui pourraient remplacer le dialogue, un haut cadre du parti Nida Tounès pense que la sortie de crise pourrait venir de l'extérieur. « Quand les parties prenantes n'arrivent pas à se mettre d'accord, il est normal que les deux pays se souciant de la sécurité régionale (l'Algérie), et de la sécurité internationale (les Etats-Unis) sifflent la fin de la récré, et il semble bien qu'ils commencent à intervenir ». Bouteflika, le garant Le président algérien, qui brigue un nouveau mandat, a reçu tour à tour le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, et le président de Nida Tounès, Béji Caïd Essebsi. Un signe qui ne trompe pas, selon notre interlocuteur, que l'Algérie compte jouer un rôle dans «le rapprochement des points de vue ». « Les conditions objectives pour la poursuite du dialogue ne sont pas réunies, la majorité ne veut rien céder. Rien ne sert de se mettre autour d'une table pour poursuivre un dialogue de sourds», juge pour sa part Lazhar Akremi, porte-parole de Nida Tounès. Les visites effectuées, samedi et dimanche par Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, en Algérie et leurs entretiens avec Abdelaziz Bouteflika montrent selon une participante au Dialogue national « qu'il y a un deal qui est en train d'être négocié. Et ce deal ne peut que concerner les fameuses garanties qu'Ennahdha ne cesse de réclamer pour quitter le pouvoir ». Le président Bouteflika et l'Algérie sont-ils les garants de ce marché ? « Pour moi, les heures qui viennent seront déterminantes », révèle notre source. « Disons les vérités telles qu'elles sont : l'Algérie est en train de jouer un rôle important en matière de sécurité de la Tunisie et de traque des terroristes et elle n'est pas disposée à laisser la situation s'envenimer davantage en Tunisie », ajoute la même source. Le plausible recours à la rue Pour le constituant Hichem Hosni, le dialogue est jusqu'à nouvel ordre toujours suspendu, et que « conformément à ce qu'il a été convenu, le Quartet devrait annoncer ce soir (hier) ou demain au plus tard, l'échec ou, miracle, la reprise du Dialogue national ». Il est vrai que les déclarations de Ameur Laârayedh, hier, sur les ondes de la radio nationale laissent présager un blocage dans les négociations. « Nous ne voyons aucune raison valable pour que nous abandonnions notre soutien à la candidature de Ahmed Mestiri », avait-il lancé. « L'ensemble des processus sont désormais dans l'impasse, il est maintenant probable, en cas de l'annonce de l'échec, que chaque parti entame les actions militantes qu'il jugera nécessaires pour l'annulation des amendements du règlement intérieur de l'ANC, la poursuite du processus constituant et pour réclamer le départ de l'actuel gouvernement», explique Hichem Hosni, président du Parti populaire progressiste. Le constituant juge par ailleurs « inadmissible» la proposition d'Ennahdha qui demande aux députés de « signer un engagement de ne plus se retirer de l'ANC, en contrepartie de l'annulation des récents amendements du règlement intérieur. Auprès du Parti républicain maghrébin présidé par le Pr El Boussairi Bouebdelli, « les choses sont toujours au point mort dans la mesure où nous attendons d'être contactés par le Quartet pour savoir quand reprendra le Dialogue national. Ma dernière rencontre avec Abassi remonte à vendredi 15 novembre à la suite de son retour du sommet syndical méditerranéen tenu à Barcelone. En présence de Kamel Morjane, président du Parti de l'initiative et de Ayachi Ajroudi, président du parti du Tunisien, je lui ai fait part de la décision du Parti républicain maghrébin de cautionner la personnalité que le Quartet choisira pour former et conduire le prochain gouvernement. Morjane et Ajroudi ont fait de même, déléguant à Abassi la responsabilité de désigner le prochain chef du gouvernement », précise le présidentdu PRM. D'autre part, on apprend que le Front du salut national organise aujourd'hui, lundi 18 novembre, une réunion de concertation «pour faire le suivi de la situation et arrêter les décisions à prendre au cas où le dialogue ne reprendrait pas dans les prochains jours ». Interrogé sur l'attachement d'Ennahdha à la personne de Ahmed Mestiri, le Pr Bouebdelli précise : «Le parti nahdhaoui nous a toujours habitués à son entêtement et aussi à ses volte-face quand il est sous pression». Au moment où nous rédigions le présent article, le Quartet était toujours en réunion.