Ennahdha aurait changé de candidat et soutient maintenant Jalloul Ayed «L'ultimatum» lancé, samedi soir, par le Quartet, parrain du Dialogue national, aux participants expire aujourd'hui à midi. Houcine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt et l'un des porte-parole du Dialogue national, a, en effet, donné samedi dernier vers minuit aux partis politiques présents au siège du ministère des Droits de l'Homme trente-six heures pour qu'ils se mettent d'accord, aujourd'hui, sur le nom de la personnalité indépendante qui aura pour mission de former le gouvernement de compétences nationales, conformément à la feuille de route du Dialogue national. «Ce prolongement de trente six heures sera retranché des deux semaines accordées au futur chef du gouvernement pour choisir son équipe gouvernementale», a notamment précisé Houcine Abbassi. Comment cet «ultimatum» a-t-il été perçu par les participants au Dialogue? Et si la solution tant attendue ne sera pas trouvée aujourd'hui, devrait-on s'attendre à ce que le dialogue soit rompu ? De son côté, que fera le Quartet au cas où subsisterait le blocage et que l'on ne parviendrait pas à trancher définitivement entre Mohamed Ennaceur et Ahmed Mestiri ? La question est à poser sérieusement d'autant plus que le SG de l'Ugtt n'a pas révélé les mesures auxquelles le Quartet recourra en cas de poursuite de ce dialogue de sourds dans lequel chacun tire la couverture à lui. Le Dialogue risque d'échouer Pour Noureddine Ben Ticha, membre de la direction de Nida Tounès, «l'ultimatum lancé par Abbassi est plutôt un accord entre les partenaires au Dialogue pour qu'ils conviennent demain à midi (aujourd'hui lundi 4 novembre) du nom que tout le monde attend. En plus clair, je peux dire que ce lundi, ça passe ou ça casse». Ben Ticha souligne encore : «Dans tous les cas, nous restons attachés à la candidature de Mohamed Ennaceur que nous considérons comme le candidat du consensus». De son côté, Jilani Hammami (Parti des travailleurs), parlant au nom du Front du salut national, estime que «ce prolongement de 36 heures constitue une opportunité offerte par le Quartet aux protagonistes pour qu'ils se mettent d'accord sur le candidat du consensus. Et si par malheur l'entêtement d'Ennahdha se poursuit, il y a un risque sérieux de voir le Dialogue national échouer». «Le Front tient une réunion aujourd'hui (dimanche) au cours de laquelle nous examinerons la situation actuelle et nous fixerons notre position quant au choix du candidat à la présidence du gouvernement. Nous sommes toujours pour Mohamed Ennaceur. Seulement au cas où le blocage ne serait pas levé, nous ne voyons pas d'inconvénient à ce que l'on retourne aux anciens candidats. Une chose est sûre : nous refusons qu'il y ait un nouveau prolongement». La rue pourrait parler de nouveau Le Pr Boussaïri Bouebdelli, président du Parti républicain maghrébin, est convaincu que «le blocage provient d'Ennahdha qui cherche soit à gagner du temps, soit à soutirer certaines assurances. Après avoir soutenu à fond Ahmed Mestiri qui ne répond pas aux critères convenus, il paraît qu'ils soutiennent maintenant Jalloul Ayed, lui aussi ne répondant pas à un critère parmi les plus importants, celui de l'expérience gouvernementale». Interrogé sur la réaction du Quartet si Ennahdha décide de maintenir ses exigences, Bouebdelli précise : «Je pense que la crédibilité de Hassine Abbassi et de l'Ugtt est en jeu et je suis convaincu que le Quartet aussi ne restera pas les bras croisés et prendra sûrement les mesures qui s'imposent». «Personnellement, je m'attends à ce que la rue se prononce à travers des manifestations pacifiques qui mettront la pression sur Ennahdha et l'obligeront à retourner à l'évidence», conclut le président du PRM. Du côté du Quartet parrain du Dialogue national, on préfère pour le moment attendre l'évolution de la situation. Une source informée auprès du Quartet confie à La Presse : «Nous espérons que la voix de la raison finira par prévaloir. Le Quartet n'a pas prévu jusqu'ici de mesures à prendre au cas où l'échec du Dialogue national serait consommé. En tout état de cause, nous prendrons la décision qu'il faut au moment opportun». Il est à préciser qu'Ennahdha aurait tenu, hier, une réunion de son Conseil de la Choura, à Hammamet, selon le correspondant de Radio Shems sur place avec au menu le choix du futur chef de gouvernement. Contacté par La Presse pour en savoir plus, Zied Laâdhari, porte-parole d'Ennahdha, a nié purement et simplement la tenue de la réunion en question.