Plusieurs victimes courent un risque de cécité, d'autres sont devenus aveugles faute d'un traitement urgent... C'était le 27 novembre 2012, il y a un an jour pour jour. La région de Siliana s'est soulevée tout entière contre le chômage, la pauvreté et l'exclusion. Des maux dont souffre toute une portion de la société, en mal de progrès et d'épanouissement, longtemps soumise au joug de la dictature. Ce jour-là, et comme aujourd'hui, l'Union régionale relevant de l'Ugtt avait décrété une grève générale, marquée pas une imposante manifestation qui avait parcouru l'artère principale de la ville. Mobilisées en renforts extraordinaires, les forces de l'ordre avaient alors usé de toute leur force pour disperser la manifestation et faire taire les voix des revendications. La chevrotine a été utilisée contre des milliers de manifestants, de même que des armes et des bombes lacrymogènes jugées périmées. Et l'on se souvient que ces mouvements protestataires se sont soldés par 173 blessés, dont certains ont été touchés aux yeux. Un bilan lourd, dont la responsabilité revient, en grande partie, au gouvernement en place. C'est en tout cas ce qu'a révélé le rapport réalisé par une commission indépendante, à l'initiative du Forum tunisien des droits sociaux et économiques (Ftdes) pour l'investigation autour des événements dramatiques de Siliana. Evénements qui n'ont pas cessé de susciter la controverse. Photos et témoins à l'appui, on sait désormais que plusieurs victimes courent un risque de cécité et que d'autres sont devenus aveugles faute d'un traitement urgent. Le rapport n'a pas occulté le fait que certains blessés comptent parmi les agents de sécurité et aussi dans le rang des journalistes. En guise de recommandations, le rapport souligne essentiellement la nécessité de procéder sans délai au dédommagement des victimes, d'identifier les coupables et de créer des projets de développement au profit de la région. Ces événements dramatiques demeurent encore gravés dans la mémoire nationale. Leur commémoration aura lieu aujourd'hui à Siliana. A l'appel de l'union régionale de l'Ugtt, la région est entrée dans une grève générale, en signe de protestation contre le déni et le maintien de la région en marge du développement, comme l'a indiqué le secrétaire général régional, M. Néjib Sebti. Dans une déclaration à la TAP, il a déploré le fait que Siliana ne soit pas concernée par la récente décision ministérielle de construire des facultés de médecine dans plusieurs régions. La commémoration, à laquelle prendront part des partis politiques et des représentants de la société civile, sera l'occasion de présenter les résultats de ladite enquête d'investigation publiée le mois écoulé. Figure également au menu une exposition documentaire relatant les péripéties des mouvements qui ont dégénéré, durant trois jours, en affrontements agressifs entre policiers et manifestants.