Ahmed Foued Najm, le célèbre poète égyptien, est décédé dans la matinée du mardi 3 décembre à l'âge de 84 ans. «Tu peux élever tes palais sur nos champs avec notre labeur et le travail de nos mains, tu peux installer tes tripots près des usines et des prisons à la place des jardins, tu peux lâcher tes chiens dans les rues et refermer sur nous tes prisons, tu peux nous voler notre sommeil nous avons dormi trop longtemps, tu peux nous accabler de douleurs nous avons été au bout de la souffrance. A présent nous savons qui cause nos blessures, nous nous sommes reconnus et nous sommes rassemblés, ouvriers, paysans et étudiants ; notre heure a sonné et nous nous sommes engagés sur un chemin sans retour. La victoire est à la portée de nos mains, la victoire point à l'horizon de nos yeux». En voilà un poème, «Elève tes châteaux», qui résume toute la créativité, le talent, le sens artistique et la virulence des textes de Ahmed Foued Najm, le poète égyptien qui nous a quittés dans la matinée du mardi 3 décembre. Un poème qui résonne encore dans les têtes des démunis, des opprimés et des assoiffés de liberté et de démocratie. Ahmed Foued Najm est connu pour ses textes engagés et ses poèmes révolutionnaires, surtout après la guerre des Six Jours en 1967. Engagé et révolutionnaire, Najm a été, tout au long de sa carrière, une épine dans la gorge des dictateurs. Sa virulence et sa ténacité à critiquer les pouvoirs successifs en Egypte lui ont valu 18 ans de prison. Mais même les barreaux n'ont pas eu raison de son talent et n'ont pas pu l'empêcher d'écrire pour les pauvres, lui qui a été désigné en 2007 par les Nations unies en tant qu'«Ambassadeur des pauvres». Une distinction qui rend hommage à ce farouche défenseur des plus démunis. Tenace et résistant, Ahmed Foued Najm a continué son combat au nom des pauvres malgré son âge avancé. En 2012, et alors qu'il avait 83 ans, Najm a été accusé par la justice égyptienne d'atteinte à l'islam lors d'une intervention télévisée. Il a également été accusé d'avoir tenté de détourner les soldats égyptiens des commandements du maréchal Tantaoui, suite à ses critiques incessantes à l'égard du régime militaire. C'est dire à quel point ce poète est resté fidèle à ses principes et à son art engagé. Certains ne peuvent pas être achetés, heureusement ! Ahmed Foued Najm a constitué un tandem incroyable avec son ami Cheikh Imam. Leur musique a fait le tour du monde et est devenue un symbole pour tous les opprimés, surtout dans le monde arabe. Ce ne sont pas uniquement les artistes qui ont perdu un collègue et un maître en la matière, ce sont également les étudiants, les agriculteurs et les travailleurs qui ont perdu leur voix si pure et si virulente. Ses textes resteront à jamais des slogans et des symboles pour les pauvres et les assoiffés de liberté. Paix à son âme!