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Ahmed Chawqi : l'«Emir des poètes»
Poètes et paroles pour l'éternité
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 03 - 2010


Il est des hommes et des femmes qui marquent l'histoire et laissent une trace que le temps ne peut effacer. Certains poètes sont parmi eux, tant et si bien que, longtemps après leur disparition, leurs textes défient le temps et perpétuent le génie de leurs créateurs. Dans cette rubrique où nous mettons la lumière sur la vie et l'œuvre de poètes et de paroliers arabes, tunisiens et français, nous nous sommes déjà intéressé, entre autres, à Ibrahim Neji (Al Atlel) et Nizar Qabbani. A présent, c'est au tour d'un autre très grand poète égyptien : Ahmed Chawqi dont la vie assez particulière (mais qui ressemble à beaucoup d'autres aujourd'hui), ne l'a pas empêché de nous laisser un legs important : une poésie exceptionnelle, chantée par deux artistes aussi exceptionnels : Om Kalthoum et Abdelwahab. Dans cet article, nous tâcherons de distinguer les moments forts de sa vie et de son œuvre en relisant ses recueils et en piochant dans un livre de Houcine Chawqi, bourré d'anecdotes, et consacré à son père au titre très direct : Abi Chawqi. Sa vie : Il naît au Caire en 1869. L'origine de sa famille est variée : arabe, kurde, turque, grecque. Certains pensent que cela a pu donner à son talent un plus certain. Sa vie d'enfant est matériellement aisée grâce à la situation sociale et à la fonction de ses deux grand-pères. Quant à sa grand-mère qui l'élève, elle jouit de privilèges particuliers qui lui permettent d'entrer au Palais, souvent accompagnée du petit Ahmed. Ainsi sa vie ressemble plutôt à celle de l'aristocratie cairote, ce qui ne sera pas sans conséquence sur son œuvre et même sur toute sa carrière. Ses études sont fort brillantes; il obtient même son diplôme de fin d'études secondaires à l'âge de quinze ans ! En 1885, il intègre la faculté de droit où il apprend la traduction et où il pousse ses études de la langue arabe grâce à un enseignant d'Al Azhar. Cela va lui permettre d'aller vers la poésie arabe même s'il excelle aussi en français et en turc. A la fin, son diplôme de droit en main, il se fait prendre en charge par le gouverneur de l'époque pour passer quatre années à Paris et à Montpellier. En 1892, il retourne au Caire où il se fait engager au Palais par Abbès Hilmi, dont il devient le laudateur attitré. Mais en 1914, la situation bascule car, à ce moment-là, la Turquie entre en guerre aux côtés de l'Allemagne et les Anglais destituent Abbès et décident l'exil de son protégé : Ahmed Chawqi ! Celui-ci choisit l'Espagne où il découvre, pendant cinq ans, la civilisation andalouse et l'arabité du patrimoine hispano-andalou. De retour au Caire, il se mêle au peuple, s'approche davantage de la vie pleine de souffrance et de soucis de ses concitoyens. Cela donnera à sa poésie une dimension nouvelle auprès des poètes du monde arabe qui, en 1927, lui donnent le titre très valeureux de «Emir des poètes»! Son œuvre : Ahmed Chawqi est donc passé par des situations et des étapes différentes dans sa vie, ce qui se retrouve aisément dans sa prose et dans sa poésie. Sa culture, colorée par sa maîtrise des langues, est enrichie par sa recherche de renouveau et de modernité. D'abord la prose : il a écrit le roman et la pièce de théâtre, puisant ses sujets dans l'histoire ancienne de son Egypte natale et notamment pharaonique, sans pour autant prétendre être l'historien de service mais en colorant ses romans des couleurs locales et vraies de son pays. Parmi ses romans: La vierge de l'Inde en 1897 et La feuille de myrte en 1914. Rappelons que cette plante aux feuilles coriaces et persistantes est symbole de gloire et d'amour. La prose se retrouve également dans sa pièce de théâtre La princesse andalouse parue après sa mort en 1932. Mais c'est la poésie de Ahmed Chawqi, bien plus que sa prose, qui marque l'histoire de la littérature arabe. On la retrouve principalement dans ses Chawqiettes et dans ses cinq pièces de théâtre dont certaines sont restées célèbres aujourd'hui encore, à savoir : La mort de Cléopâtre, Antara et surtout Le fou de Leila (majnoun Leïla). La poésie de Chawqi Les Chawqiettes parues en quatre parties, de 1925 à 1934, contiennent toute l'œuvre poétique de «l'Emir des poètes arabes». La première partie est consacrée à l'histoire, à la sociologie et à la politique. Chawqi y chante la gloire de l'Egypte depuis les Pharaons jusqu'au règne de Abbès Hilmi. S'y trouve aussi Nahj el borda, où il vante les qualités exceptionnelles du prophète Mouhammad. Ce fut à l'occasion du pèlerinage de Abbès Hilmi. Ce poème de 190 vers est d'une qualité rare, et, à notre sens, jamais un poème arabe n'a atteint cette profondeur et cette force dans un texte sacré. Riadh Sombati mit tout son génie de compositeur surdoué pour mettre en musique ce texte pour la voix et l'interprétation uniques d'Om Kalthoum . Dans la seconde partie des Chawqiettes, le poète observe, décrit, raconte ses découvertes. La femme y est présente dans toute sa splendeur. La troisième partie comporte des poèmes- hommages aux grands hommes disparus tels Hafedh Ibrahim, Saâd Zaghloul, Salama Hijazi, et même Tolstoï‑!… La quatrième partie rappelle Kalila wa Dimna ou les fables de La Fontaine. Chawqi fait parler les animaux et raconte des histoires où la morale est souvent très utile aux humains. Ce tome est paru en 1943. Om Kalthoum et…  Abdelwahab : La poésie chantée de Ahmed Chawqi rassemble des trésors de la chanson arabe. Outre Nahj el borda, Riadh Sombati a composé pour «le grand astre d'Orient» d'autres textes tels que Salou qalbi, Ila Arafet et une autre merveille assez unique: Woulida al houda. Quant à Mohamed Abdelwahab dont le nom et la carrière sont intimement liés à Chawqi, il semble avoir été présenté à ce dernier en 1924, à l'occasion d'une soirée organisée par l'Institut de musique orientale au Casino d'Alexandrie. Parmi les chansons les plus connues, certaines sont écrites dans la langue parlée : Ennile naguechi, fillil, lammma khili… D'autres dans le style littéraire qui caractérise le poète : Modhnaka jafehou marqadouhou. Ces chansons sont toutes mises en musique par Abdelwahab lui-même.  Dans le livre de Houcine Chawqi, on retrouve, bien racontée, l'anecdote selon laquelle Abdelwahab était un jour déprimé par la critique et s'en plaignit au poète qui lui demanda de mettre ces journaux par terre et de monter dessus. Etonné, l'artiste exécute. Chawqi lui dit alors : «Vois-tu ?, tu es plus grand maintenant !». De nos jours, bien des articles de complaisance sont écrits ici et là au profit d'un artiste ou d'un autre. Il n'est pas dit que, grâce à ces tartines d'éloges, ils soient plus grands. Chawqi, en s'adressant à Abdelwahab de la sorte, savait ce que cet artiste avait dans le ventre.

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