La mode et le design sont un art. Et les défilés sont bien souvent des démonstrations théâtrales du talent d'un créateur. En fait, le défilé est conçu et pensé comme une pièce de théâtre, avec des costumes, un décor et des acteurs. Pour répondre à cette exigence artistique, les créateurs de mode vont puiser leur inspiration dans de nombreux domaines : leurs voyages, le patrimoine des grandes marques, mais aussi et surtout l'art. Après l'arrivée des documentaires dans le cadre de Doc à Tunis, et après le passage des danseurs dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques de Carthage, c'est au tour des mannequins d'investir le "podium" de l'Acropolium de Carthage, dans le cadre de la première édition du Festival Design et Mode de Carthage : encore une fois, un brillant projet culturel de "Ness el fen" dirigé par l'inusable et dynamique Syhem Belkhoja. «Rien ne vous donne plus de force qu'un beau vêtement», Molière Une autre forme d'expression donc un art en lui-même. La mode nous parle, elle traverse les frontières, elle stimule l'imagination et le goût des sociétés. Le design, c'est la conception du rêve, d'une idée, voire d'une philosophie. Un véritable spectacle de mode avec quatre défilés en une soirée a eu lieu mardi dernier à l'Acropolium de Carthage. Chaque défilé a présenté la collection d'un des créateurs, à savoir Ahmed Bel Hassani du Maroc, Ouarda Helli de l'Algérie, Siham El Habti du Maroc et, surtout, le très attendu Nabil Younès, qui est de père libyen, de mère tunisienne, qui travaille au Liban et habille nos plus grandes stars orientales. Les mannequins arrivent sur le podium portant des étoles de toutes les couleurs et de toutes les coupes. Une musique à thème guide leurs démarches élégantes. Des modèles qui ont souvent envoûté le public présent, qui suivait le va-et-vient accrocheur et séduisant des mannequins, hommes et femmes, tout au long de leur avancée sur le podium à travers la salle de l'Acropolium. Les modélistes restent très attachés à leurs origines, mais également marqués par la mode européenne : le style des uns et des autres se présente comme un savant mélange des genres, où le brillant des paillettes est souvent au rendez-vous. Ce qui ne manque pas d'attirer les spectateurs dans un univers de rêveries du traditionnel maghrébin... Un cocktail d'élégance Du lin, de la soie, du fil brodé façon rivières, et des échancrures endiablées façonnées dans une féerie de couleurs, de motifs imprimés et de tonalités chatoyantes et chaudes du printemps-été : couleurs de Méditerranée. Sans oublier les tons "terre" : brun, cendré, taupe ou bronze. Elles donnent force et caractère aux femmes qui les portent. Le cristal brodé s'entiche des robes fourreau ou portefeuille. Longues ou courtes, le cortège des robes bustier est dégradé, souvent incrusté de dentelle. La soie, le taffetas et l'organza assurent aux modèles tout leur merveilleux. Aussi des formes amples avec grands motifs imprimés évoquent la beauté de l'Afrique . On notera pour ce défilé quelques surprises, comme ce mannequin assurant la musique de la scène au son de l'harmonica et, au final, ces deux robes de mariée qui ont provoqué des youyous dans la salle, avec les encouragements attendris de la maîtresse de céans.