Le président de la République provisoire a réussi à se mettre tout le monde à dos, y compris ses alliés nahdhaouis «Le livre noir», œuvre du Dr Moncef Marzouki, président de la République provisoire, continue à défrayer la chronique et à susciter les réactions les plus hostiles et les plus emportées aussi bien parmi ceux qui se considèrent comme lésés par les révélations contenues dans le fameux ouvrage que par les militants des droits de l'Homme et de la défense de la dignité humaine. Ces derniers se sont sentis trahis par le docteur qu'ils considèrent encore comme l'un des leurs en dépit de ses multiples errements et bourdes. Ils l'ont fait savoir, haut et fort, en dénonçant, plus particulièrement, le fait d'instrumentaliser les archives nationales à des fins partisanes. Et comme prévu, les réactions ne se sont pas limitées aux communiqués dénonçant l'attitude du Dr Marzouki puisque l'on apprend qu'un groupe d'avocats vient de déposer une plainte contre le président provisoire. Les plaignants reprochent au Dr Marzouki «d'avoir enfreint les dispositions de la loi en vigueur régissant les archives». Ils l'accusent également d'abus de pouvoir. D'autres personnes et organismes cités dans «Le livre noir» ont également déclaré qu'elles vont ester en justice contre le président provisoire pour atteinte à leur dignité et à leur respectabilité. Et la polémique suscitée par cet ouvrage de se poursuivre, y compris dans le camp des alliés de Marzouki, dont en premier lieu Ennahdha. Lotfi Zitoun, membre du Conseil de la choura d'Ennahdha, n'a pas attendu beaucoup pour tirer, dans un post Facebook en date du 5 décembre, sur la présidence. Réagissant aux propos de Adnane Mansar reprochant à Samir Dilou sa réaction à propos du livre noir, Lotfi Zitoun écrit notamment : «Les propos de Mansar sont similaires à ceux formulés à l'ère de l'ancien président Ben Ali». Et Zitoun d'ajouter : «Pourquoi l'institution présidentielle s'immisce-t-elle dans les affaires de la justice ? Le président demeure-t-il le premier magistrat ?». Le professeur de droit constitutionnel Amine Mahfoudh a, de son côté, déclaré au journal Le Maghreb: «La publication du livre noir par Moncef Marzouki constitue une violation flagrante des lois en vigueur, plus particulièrement de la loi de 1988 sur les archives nationales». «Cette loi, précise-t-il, oblige toute personne ou instance publique à livrer tout document à caractère archivistique à l'institution des archives nationales». Au final, et à travers les réactions provoquées par la dernière trouvaille de Marzouki et de ses conseillers avisés qui «ont fait leur travail dans les règles», selon Adnane Mansar, l'on peut dire que le président provisoire a réussi son coup : faire diversion sur ceux qui sont responsables de l'échec cuisant du Dialogue national.