Par Dr Mohamed Ali BOUHADIBA L'âne de Buridan ne sut choisir s'il fallait commencer par l'eau ou le son, il mourut de faim et de soif. Le Dialogue national tourne à la farce indigne. Tous les candidats au poste de Premier ministre sont des hommes triés sur le volet, tous excellents, tous capables de sortir le pays de l'ornière. Malgré cela, aucune fumée blanche de la papauté n'est venue nous apporter la bonne nouvelle. La raison est une classe politique embourbée dans des considérations politiciennes, des piques personnels et qui essaie de régler d'anciens comptes en oubliant le but du Dialogue national. Nous assistons sidérés à toutes sortes de déclarations plus surréalistes les unes que les autres où on chipote, on fait la fine bouche, on hésite comme le ferait une précieuse entre l'éclair au chocolat et la tarte aux myrtilles. On apprend que tous les partis bloquent le dialogue puis viennent jurer leur grands dieux qu'ils sont ouverts à toutes les propositions. Du coup, on n'en croit plus aucun et on les met dans le même panier, celui d'une classe politique pour laquelle nous avons voté, à qui nous avons accordé notre confiance et qui s'est avérée non seulement inutile mais ne nous a apporté que des problèmes. Il n'y a plus les bons et les mauvais; dans la soupe, tous les ingrédients se mélangent et le potage qu'on nous sert aujourd'hui est amer. Une question nous vient aujourd'hui à l'esprit. Avons-nous besoin d'une classe politique? Quelle serait l'utilité des élections si personne ne va voter? Quelle serait la crédibilité d'un gouvernement qui se serait discrédité par des manœuvres partisanes avant même les élections? Comment un parti pourrait-il diriger le pays, plus tard, s'il montre aujourd'hui une telle image de manque de sérieux? Il y a beaucoup de pays où la classe politique a échoué dans son ensemble et ne peut plus rien apporter aux citoyens, ceux-ci s'organisant tous seuls en coopérant les uns avec les autres. On voit dans ces pays un certain ordre qui ne tient pas compte du gouvernement, une économie qui s'autorégule et une sécurité privatisée, et les exemples ne manquent pas. Une classe politique est élue pour trouver des solutions. Quant à la nôtre, on pourrait penser qu'ils sont élus pour créer des problèmes. Elle nous coûte cher et, entre temps, l'économie va à vau l'eau et les pauvres sont encore plus pauvres. Toutes ces tergiversations auront des répercussions sur toute la classe politique car «une mouche peut-elle faire la fine bouche devant un croquembouche ?».