Ils déclarent tous que le chef du gouvernement est totalement libre de choisir ses ministres, tout en glissant leurs candidats Mehdi Jomâa, le chef du gouvernement désigné, poursuit, sur un rythme soutenu, ses consultations avec les responsables des partis politiques, dans l'espoir de sonder leurs attentes quant à la meilleure stratégie qu'il est appelé à mettre en œuvre afin de réunir le maximum d'atouts de réussite dans sa mission. Bien que les responsables qui ont rencontré, hier, Mehdi Jomâa déclarent qu'ils s'empêchent de souffler un nom quelconque parmi les futurs ministres, on a le sentiment qu'ils cherchent à s'assurer que le locataire du palais de La Kasbah ne déviera pas de la feuille de route du Quartet sur la base de laquelle il a été choisi. Ils précisent à La Presse que leurs rencontres avec M. Jomâa s'insèrent dans ce que l'on peut appeler «des concertations ponctuées de conseils amicaux». Salah Choueib, président du parti la Troisième voie, n'y va pas par quatre chemins, en révélant la teneur de la rencontre qu'il a eue, hier avec le futur chef du gouvernement. «Nous avons demandé d'adresser des signaux forts et rassurants au peuple et de fixer les priorités de son gouvernement. Et ces priorités s'appellent d'abord la résolution du dossier sécuritaire, ensuite la prise de mesures urgentes à même de mettre un terme à la hausse vertigineuse des prix et enfin la relance de l'investissement national et étranger». Et le président de la Troisième voie de révéler à La Presse : «M. Mehdi Jomâa nous a assurés qu'il est disposé à réviser toutes les nominations et qu'il fera tout pour former un gouvernement réellement indépendant». Une équipe réduite A la question de savoir si le parti de la Troisième voie a soufflé quelques noms à Mehdi Jomâa, Salah Chouaïeb précise : «Nous n'avons proposé aucun nom au chef du gouvernement mais au cas où il nous le demanderait, nous sommes disposés à lui avancer les personnalités que nous estimons répondre aux exigences de l'indépendance et de la compétence. La seule demande que nous lui avons avancée est de former un cabinet restreint dans lequel plusieurs ministres actuels peuvent figurer». Du côté d'Ettakatol, on professe le même discours, celui d'interdire d'interférer dans les choix de Mehdi Jomâa. Une source proche du parti présidé par le Dr Mustapha Ben Jaâfar précise : «Pour nous, il est libre de choisir ses ministres. Nous estimons qu'il a les qualités nécessaires pour réussir dans sa mission. Son rendement au ministère de l'Industrie plaide en sa faveur puisqu'il a prouvé que le seul critère qui vaut pour lui est la compétence et rien que la compétence». La même source fait remarquer que la réunion programmée pour aujourd'hui entre le Quartet parrain du Dialogue national et les partis y participant «permettra de fixer les nouvelles dates pour le parachèvement du processus gouvernemental (formation du gouvernement Jomâa) et du processus constituant. A Ettakatol, nous considérons que le compte à rebours doit commencer dès le premier jour au cours duquel Mehdi Jomaâ sera chargé officiellement par Moncef Marzouki, président de la République provisoire, de former le gouvernement, c'est-à-dire au plus tard demain. En plus clair, il n'est pas question que le gouvernement Laârayedh reste au pouvoir jusqu'à l'adoption de la future Constitution comme le laissent entendre certaines déclarations». Il est à préciser que Mehdi Jomâa rencontrera aujourd'hui les responsables du Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité présidé par Mohamed Ayachi Ajroudi. «Nous allons exprimer nos positions à propos de la formation du prochain gouvernement. Plusieurs noms figurent sur notre agenda. Il s'agit de Jalloul Ayed pour les Finances, Lotfi Ben Jeddou pour l'Intérieur ou la Défense, Salem Issaoui, P.-d.g. de la Société d'investissement à risque (Sicr), qui est indépendant, pour le ministère du Développement économique, et le maintien de Mohamed Salmane au ministère de l'Equipement», confie à La Presse le secrétaire général du mouvement.