L'ONG « Al Mawred al thaqafy », ou Ressources culturelles, aide les créateurs arabes à concevoir des programmes dans leurs pays respectifs A l'instar des Algériens, des Marocains, des Libanais ou des Egyptiens, les acteurs culturels tunisiens ont été invités par Al Mawred Al Thaqafy, une organisation à but non lucratif qui vise à soutenir la créativité artistique dans la région arabe, à s'organiser pour tracer les grandes lignes d'une politique culturelle en Tunisie. C'était mardi dernier dans un hôtel du centre-ville de Tunis. Des artistes, des journalistes et des acteurs culturels tunisiens et du monde arabe ont été présents à une première réunion, dont le but était de créer un groupe national de conception de la politique culturelle. Les participants ont tout de suite évoqué leurs expériences en matière de ce genre de réunions. Du temps de Ben Ali, il y a eu des « consultations culturelles », dont les travaux sont demeurés lettre morte. C'était l'une des stratégies du dictateur déchu. Il avait l'intention de calmer les ardeurs et de faire croire à une évolution possible du secteur, souffrant de multiples lacunes et d'un manque flagrant de restructuration. Après la révolution, les acteurs culturels ont pris en main le devenir de la culture de leur pays, en créant des associations censées réfléchir sur la situation, d'un nouveau point de vue, stimulé par un esprit libre et créatif. Mais ces associations, qui poussent encore aujourd'hui comme des champignons, font désormais cavalier seul. Entre elles, il y a pratiquement absence de connexion, et vis-à-vis de l'autorité de tutelle, le dialogue est difficile, pour ne pas dire inexistant. Les invités à cette réunion du mardi dernier semblent être tous d'accord sur ce constat exprimé par quelques-uns d'entre eux. Mais il fallait éviter les détails pour plus d'efficacité. L'Egyptienne, Besma Al Hosseiny, directrice d'Al Mawred, et Cyrine Ganoun, comédienne tunisienne, directrice de la pépinière Eclosion d'artistes et première coordinatrice du projet de politique culturelle, devaient sans cesse recadrer les choses. Mais comme l'a si bien précisé le Mauritanien Abderrahmen Salem, président d'Al Mawred Al Thaqafy, le pourquoi et le comment de la situation actuelle du secteur culturel sont un passage obligé pour une vision plus claire de l'avenir. « Les réactions des artistes quelque peu enflammées ne peuvent être que des signes de bonne santé », a-t-il dit. Et Besma Al Hosseiny d'ajouter : « Cette période de transition difficile et même pleine de risques, doit constituer, paradoxalement, une opportunité pour un changement fondamental de la politique législative dans nos pays». Et la directrice d'Al Mawred de continuer : « La présence à cette réunion de M. Youssef Ben Ibrahim, directeur des affaires juridiques au ministère tunisien de la Culture, est constructive ». A la demande des participants, ce dernier a essayé d'éclaircir certains points concernant les lois et les règlements qui gèrent le secteur. « Malgré tous les malentendus, la présence d'un représentant de l'autorité de tutelle est souhaitable pour les prochaines réunions », réplique Al Hosseiny. A la fin de la rencontre, la liste de ceux qui se sont proposés pour constituer le premier noyau du groupe concepteur de la politique culturelle a été remise à Cyrine Ganoun, coordinatrice élue des prochaines réunions. Cette dernière a précisé que le groupe national est ouvert à tous ceux qui souhaiteraient s'y joindre.